La première secrétaire du Parti socialiste rompt le silence. Défend l’accord avec les écologistes et se présente en "première militante de la victoire de François Hollande".
Pourquoi François Mitterrand est-il le seul socialiste à avoir gagné la présidentielle?
Le talisman de la victoire, c’est un candidat incontestable, un projet ambitieux, un parti mobilisé derrière lui, et une
dynamique majoritaire à gauche. Je me suis battue depuis trois ans à la tête du PS pour que ces conditions soient aujourd’hui réunies. Le parti est rassemblé et mobilisé ; les primaires ont
donné une forte légitimité à François Hollande ; nous avons un projet solide qui servira de socle au programme présidentiel ; et nous avons construit des relations de confiance avec nos
partenaires de gauche. Nos victoires locales et au Sénat sont aussi un atout précieux. Le chemin est tracé pour que François Hollande, tourné vers les Français, puisse leur présenter ses
propositions pour sortir de la crise et retrouver la France qu’ils espèrent.
Nicolas Sarkozy attaque François Hollande, notamment sur le nucléaire. Que répondez-vous?
Il est consternant que le Président, plutôt que de s’attaquer aux problèmes de la France, préfère attaquer la gauche à
grands coups de mensonges. Sa méthode est toujours la même : faire diversion pour faire oublier son bilan ou masquer ses intentions, comme la hausse de la TVA qu’il prépare, et bien sûr faire
peur en travestissant nos idées. Les Français ne s’y laisseront pas prendre. Ils n’oublient pas ses promesses non tenues, ses échecs et tant d’injustices… Nicolas Sarkozy a multiplié les
mensonges sur le nucléaire. La vérité, c’est qu’il ne prépare pas l’avenir de la France contrairement à François Hollande qui propose une politique énergétique ambitieuse : sobriété
énergétique, soutien aux énergies renouvelables qui créera des centaines de milliers d’emplois, et réduction de la part du nucléaire de 75% à 50% dans la production d’électricité. Les Français
comprennent qu’en matière énergétique, il y a un chemin Hollande pour l’avenir, la sûreté, l’emploi, le pouvoir d’achat, le climat, et qu’il y a une impasse Sarkozy.
La droite tape dur et la gauche répond mollement, pourquoi?
Nous rendrons coup pour coup. En commençant par ramener le Président à son bilan, c’est-à-dire à son échec, à ses plans
d’austérité qui se succèdent, à ses belles photos avec Angela Merkel qui cachent mal une inaction de l’Europe pour réguler la finance depuis 2008. Cette semaine encore, Nicolas Sarkozy a baissé
pavillon face à l’Allemagne. La catastrophe, ce ne sont pas nos propositions sur la politique énergétique! C’est son abandon de l’industrie, les inégalités qui s’accroissent, la France dont la
voix n’est plus entendue. Nous dénonçons les mensonges de Nicolas Sarkozy mais l’essentiel est de rassembler les Français pour leur montrer qu’un autre chemin est possible. Que Nicolas Sarkozy
ne compte pas sur nous pour être sur les terrains qu’il a choisis. Nous le ramènerons en permanence à son bilan et à son incapacité à sortir la France de la crise. Nous parlerons de ce
qu’attendent les Français, du redressement de la France et du retour de la justice.
Avez-vous trop cédé aux Verts?
Nous n’avons rien "cédé". Nous avons bâti ensemble des réponses pour sortir de la crise et pour l’après-crise. Chacun peut
constater que nous partageons l’essentiel, qu’il s’agisse du nouveau modèle de développement, que nous voulons économique, social et écologique, ou des propositions pour aller vers une nouvelle
République. Mais nous n’avons rien voulu cacher de nos différences comme sur le nucléaire par exemple : clarté et transparence, c’est notre conception de la démocratie. Quant aux
circonscriptions, les écologistes représentent une vraie force démocratique. En attendant d’introduire une dose de proportionnelle, il nous paraît tout à fait naturel de leur assurer une
représentation parlementaire. C’est toujours difficile – et je les comprends – pour nos élus de laisser des circonscriptions à nos partenaires, mais en tant que principal parti de gauche, c’est
à nous d’être à l’initiative.
Que pensez-vous des attaques d’Eva Joly et de Jean-Luc Mélenchon?
Je suggère à tous ceux qui veulent l’alternance en 2012 de réserver leurs attaques à la droite ! Nous distinguer sans nous
diviser, nous rassembler sans nous renier, voilà la gauche telle qu’elle doit faire campagne.
Hollande patine, pourquoi?
François Hollande a été choisi par 3 millions de Français, c’est une force. Il fait preuve de sang-froid et de sérénité.
Son équipe de campagne est constituée. Il sera le candidat du redressement, de la justice, de l’avenir : c’est comme cela que les Français le perçoivent. Notre candidat est populaire. Dans les
sondages, il atteint des scores à la de Gaulle! Tous les ingrédients de la victoire sont là, maintenant que chacun s’attelle à élever le débat!
Quel sera votre rôle?
Depuis la fin des primaires, toute mon énergie est consacrée à faire gagner François Hollande. Nous travaillons main dans
la main. Je suis la première secrétaire, je suis la première militante de la victoire de François Hollande. Quand il sera élu, j’aurai mené à bien ma mission : en finir avec le sarkozysme et
donner à la France une présidence et une espérance de gauche.
Cécile Amar - Le Journal du Dimanche