Bien entendu ce n’est pas sur ce blog que vous trouverez des gens qui se réjouiraient sans complexes de la victoire du Parti pour la Justice et le Développement au Maroc.
Néanmoins, autant le risque d’une victoire des Frères Musulmans en Egypte a de quoi faire peur, autant la victoire du PJD n’a a priori pas lieu de susciter de telles craintes. D’abord parce que le PJD ne pourra pas gouverner seul, mais surtout parce que, si les pouvoirs du gouvernement ont été élargis par la nouvelle constitution, ils n’en demeurent pas moins encore très limités et sous contrôle du Roi, qui ne fera sans doute que très peu de concessions sur le champ sociétal.
Il reviendra donc au PJD d’inaugurer ces nouveaux pouvoirs et donc de franchir un nouveau pas vers une amélioration de la démocratie marocaine. La victoire du PJD n’a absolument rien de surprenant, ce parti apparaissant aux yeux des électeurs comme à la fois le défenseur d’une certaine identité traditionnelle mais surtout comme un parti de rupture avec la corruption généralisée des autres partis. C’est en ce sens que je parle d’avancée démocratique. Retenons que les marocains se sont pris en main et ont écarté et sanctionné des élus qui n’ont fait qu’exploiter le système à leur seul profit depuis des années, que l’on parle des partis les plus anciens comme USFP ou Istiqlal, qui se sont toujours partagés le peu de pouvoirs que leur laissait l’ancien système, ou bien des nouveaux partis proches du roi.
Cette avancée démocratique est néanmoins bien timide comme en témoignent les 45% de participation, un peu mieux seulement que les 37% enregistrés en 2007. Ce résultat reste quant-à-lui alarmant, lorsque l’on sait que les vrais fondamentalistes, ceux du Cheik Yassine, avaient appelé à boycotter le scrutin. Souhaitons donc que le parti choisi par le peuple mesure la responsabilité qui est la sienne, et cherche dès l’étape de la formation de la coalition à montrer que le Roi, en réformant la Constitution, ne s’est pas trompé.