Tu exerces ton boulot à domicile et tu adores ça. Les 35 heures, évidemment, tu ne sais pas ce que c’est.
Parce que la machine ne va pas se lancer toute seule, ton ordi ne va pas pondre ton travail comme par enchantement, tes nains ne joueront pas tranquillement pendant une heure et j’en passe.
Toute la journée, tu dois jongler entre : emmener les enfants à l’école, ménage, repassage, chercher les gosses, cuisine, douche (oups, pas le temps), et évidemment bosser. Oui, parce que ce qui précédait, ce n’était pas du « boulot ». Du moins, pas pour le commun des travailleurs bureaux, qui ont des horaires bien définis et un 35 heures dont ils se plaignent.
Toi, travailleuse indépendante, Mampreneure, tu bosses comme une folle, pour au final t’entendre dire : « ouais, en gros,tu fous rien quoi ».
Pffffff. De quoi perdre patience non ?
Evidemment, tu ne descends pas dans la rue manifester tes conditions difficiles, et tu ne te plains même pas d’un certain manque de considération que la seule expression « travailler à la maison » a déclenché. D’ailleurs, les termes « domicile », « maison » couplés à « travail » provoquent d’emblée un décrochage de la part de ton interlocuteur.
Parce que tu n’as pas de bureau officiel et bosses sur ton canapé en peignoir tu n’es pas considérée comme une travailleuse active ?
Tes meilleures idées te viennent parfois sur ton canapé, le cheveu ébouriffé, l’haleine pas très fraîche. Et alors?
Il y en a marre. Tu voudrais faire la révolution des travailleurs en peignoir ?! Vas y, je t’accompagne, je viens même manifester avec ma robe de chambre pourrie dans laquelle j’ai écrit mes meilleures textes.
Ce n’est pas parce que tu bosses chez toi que tu passes ta journée à regarder de vieilles redifs. Au contraire, tu accomplis deux boulots, quasi sans pause, sans te plaindre et avec le sourire.
Au final, tu vas te casser deux fois plus la tête que les travailleuses en tailleur, pour gagner deux (trois ?) fois moins et ne pas être reconnue par tes pairs.
Alors je te dis « respect ».
J’ai moi aussi, après de longues hésitations, choisi cette voie, celle de la robe de chambre sur le canapé.
Je jongle également entre mes nains, mon ménage, mon boulot de rédactrice et mes obligations administratives et je ne regrette pas.
Même si le temps où je ne bossais « que » 35 heures est révolu, j’adore sentir l’adrénaline monter quand j’ai mes clients au téléphone. Mais le gros avantage de ce statut, c’est quand même d’être libre de s’organiser dans sa semaine à 50 heures. Voire plus.
Le jour où tu voudras descendre dans la rue pour te faire entendre, préviens moi. Ma robe de chambre et moi serons là pour te soutenir.
En attendant, bon courage face aux remarques dévalorisantes. Et rappelle-toi que ton business, tout comme tes nains, c’est ta fierté. Ne laisse jamais personne t’enlever ça…