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Les interviews de Variae (2) : Madame la Campagne de Nicolas Sarkozy

Publié le 26 novembre 2011 par Variae

Pour notre deuxième volet des “interviews de Variae“, nous avons eu la chance de décrocher un rendez-vous téléphonique avec une personnalité dont le nom court actuellement sur toutes les lèvres : la Campagne de Nicolas Sarkozy. L’échange n’a pu aller à son terme, mais nous le publions quand même, en laissant le soin au lecteur d’en tirer ses propres conclusions.

Les interviews de Variae (2) : Madame la Campagne de Nicolas Sarkozy

Bonjour, madame la campagne de Nicolas Sarkozy, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Variae ?

Eh bien, que dire, je suis la campagne de Nicolas Sarkozy. Une sorte d’intermittente de la politique, j’ai notamment déjà travaillé en 1999, pour les européennes, et en 2007, pour l’Élysée. Voilà, je ne sais pas quoi vous dire d’autre, pour être honnête j’ai même cru à un erreur, que vous vouliez interviewer la cOmpagne de Monsieur Sarkozy, Carla Bruni

Non, vous êtes bien la personne qui nous intéresse ! Enfin, là vous êtes en plein travail non ? On vous a vue notamment vendredi et mardi, très active sur le front du nucléaire et de la critique de François Hollande et des écologistes

Ah ! Je comprends mieux. Je vous arrête tout de suite, il y a erreur sur la personne : vous parlez de l’Intérêt Supérieur de la Nation. Effectivement, on nous confond souvent, mais il m’a remplacé auprès de Nicolas Sarkozy dès mai 2007. Le président l’a dit clairement, je serai le président de tous les Français, la République irréprochable, la campagne et ses divisions sont derrière moi, blablabla. Depuis, moi la campagne, je suis au repos. A Tricastin, vendredi, c’était bien l’Intérêt Supérieur de la Nation qui accompagnait le président. Il l’a clairement dit : « le nucléaire n’est ni de droite ni de gauche, il est l’intérêt supérieur de la France ».

Enfin, écoutez, tout le monde sait que Monsieur Sarkozy a commencé sa campagne …

Oulala, pas si vite. « tout le monde », c’est qui « tout le monde » ? Je ne connais pas ce monsieur. Lisez plutôt dans Libération l’interview de François Logerot, « président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques », bref, un bonhomme qui en a dans le crâne. « Est-ce que vous considérez que Nicolas Sarkozy est déjà entré en campagne? – Au sens du code électoral, je ne peux pas l’affirmer. – Pourtant c’est clair pour tous les observateurs de la vie politique? – Peut-être, mais la commission ne peut se fier à une impression générale ». Voilà. Je n’ai pas commencé. Et je ne sais même pas si je commencerai : Monsieur Sarkozy se moque bien de sa réélection, il pense à la France, au destin de notre nation, pas comme ces sinistres socialistes.

Quand j’ai appelé l’Élysée pour vous joindre, personne ne disait vous connaître, tout le monde me renvoyait en revanche vers l’Intérêt Supérieur de la Nation. Mais quand j’ai appelé celui-ci, ça n’a jamais répondu …

Oh, il n’est quasiment jamais à l’Élysée, l’Intérêt Supérieur de la Nation, ces dernières années. Il ne s’y sent pas très bien. Enfin, je vous dis ça en off, hein, ne le mettez pas dans votre papier.

Ah. Mais donc – excusez-moi d’insister – toutes ces allusions à peine voilées aux fermetures de centrales nucléaires prévues par le PS et les Verts, ce n’est pas la preuve que Sarkozy est en campagne ?

Puisque je vous dis que NON ! Tenez : dans quelques jours – je peux vous le dire en exclusivité – il va parler d’économie, en expliquant que c’est la réduction du temps de travail qui a tué la croissance et l’emploi. Eh bien, ce ne sera pas du tout en référence à un quelconque concurrent à l’élection présidentielle, puisqu’il n’est pas candidat. Juste une mise en garde générale, une vérité universelle. Un peu plus tard, je pense qu’il expliquera aussi que l’école n’a pas besoin de professeurs en plus. Cela n’aura pas plus à voir avec François Hollande : ce sera le résultat d’une réflexion philosophique désintéressée, présidentielle, sur l’avenir de l’éducation. Il serait vraiment illogique et mesquin de compter cela dans le temps de parole de la majorité, ou dans les comptes de campagne – puisque moi, la campagne, je suis au chômage technique.

Sans vouloir vous offusquer, quand Monsieur Sarkozy organise une émission spéciale avec Barack Obama pour se mettre en valeur, c’est bien que …

Écoutez, ça suffit ! Nicolas Sarkozy n’est pas en campagne. Compris ? D’ailleurs je n’existe même pas. Je n’ai jamais existé. Je ne sais pas à qui vous voulez parler. Allo, allo, je ne vous entends plus !

S’il vous plait, je voudrais juste …

Allo, allo ! [bruit de combiné qu'on raccroche] bip bip bip …

Malgré tous nos efforts, nous n’avons pas pu joindre à nouveau la campagne de Nicolas Sarkozy. Quant à nos démarches auprès des annuaires téléphoniques pour joindre à l’Élysée le bureau de l’Intérêt Supérieur de la Nation, elles se sont toujours soldées par la même réponse : « inconnu à cette adresse ».

Propos recueillis par Romain Pigenel pour Variae.

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