Leur musique est téléchargeable comme sonorités des téléphones mobiles dans une dizaine de pays africains?; leurs clips passent en boucle sur la principale chaîne de télévision spécialisée dans la musique.
A titre anecdotique, ils ont offert un concert privé le samedi 12 novembre dernier à plus de cinq mille spectateurs au palais des sports de Warda, à Yaoundé. Indéniablement, nous sommes en présence d'un phénomène musical exceptionnel.
Seuls les Manu Dibango, Yannick Noah, Richard Bona ont ainsi pu s'imposer, sans controverses ni réserve sur la forme et le fond de leur musique, ?par-delà les limites de notre pays et du continent africain.
Ce succès a assurément des explications. La première est la passion, la deuxième le travail et la troisième, la qualité du management du groupe. L'une des jauges de la passion de ce groupe réside dans le choix que ses membres ont dû opérer pour arriver à la musique. Pour de nombreux jeunes, les métiers qu'ils exercent sont des pis-aller.
Trop nombreux sont en effet les jeunes que l'échec scolaire conduit soit à la musique, soit au sport. Des témoignages recueillis auprès de ?certains de leurs proches, les membres du groupe X Maleya ont choisi obstinément la musique, contre le gré de leurs parents, après que des cursus réguliers leurs étaient ouverts.
Mais la passion à elle seule n'explique pas tout. Elle est une disposition qui rend possible le travail, de façon inlassable. C'est seulement quand on fait ce que l'on aime qu'on peut travailler sans voir passer le temps, sans se lasser?; on peut alors remettre sur le métier son ouvrage sans rechigner, sans pester. Ce travail est bonifié par les modèles qui servent de référence et par l'intelligence des besoins de son époque.
Dans le cas des X Maleya, sans y réduire leur inspiration, la référence à Eboa Lotin est à la fois la preuve de leur bon goût personnel et un indicateur de choix esthétiques pertinents. Vient enfin le management du Groupe.
Dans le cas des Ex Maleya, la qualité de leur management se mesure à l'aune du profil de ceux qui les produisent et des choix de promotion et de commercialisation de leurs productions.?
A la lisière des musiques jeunes, du groove et du roots, le groupe sait, habilement interpeller toutes les classes d'âges?et les deux sexes: jeunes, adolescents, adultes, hommes et femmes.
Leur dernier opus est riche de toutes les facettes de leur art qui aborde, non sans gravité mais en évitant un ton tragique, les problèmes de leurs contemporains, qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs.
Les titres «Mes parents viennent de divorcer» et le titre éponyme de leur dernière oeuvre sont des illustrations de deux de ces facettes de leur esthétique.
Le succès de ce groupe appelle toutefois à une vigilance de tous les instants, s'il veut échapper à la tentation et aux périls qui ont disloqué, avant eux, plusieurs autres groupes qui avaient le vent en poupe et qui voguaient sur une bonne mer.
Qui ne se souvient avec une certaine amertume des Macase, du Korongo jam, des Têtes brûlées et dans une moindre mesure de certains duo et autres groupes?? Jusqu'ici, le trio de X Maleya a résisté à la tentation, vers laquelle le pousse un certain public?: l'individualisation du succès.
La force d'un groupe, c'est précisément d'être un groupe c'est-à-dire une entité ayant une personnalité en soit, où les rôles et les fonctions sont complémentaires.
Dans un groupe il n'y a pas d'autre préséance que celle du groupe et non des membres qui le constituent. Evidemment, la magie du travail est l'élément constant pour établir un succès de façon pérenne.