L’hérétique
m’a fort aimablement tagué sur un sujet lancé par
Val le Nain consistant à donner « 10 bonnes raisons de ne pas laisser
Hollande gagner l’Elysée » et je l’en remercie. Par contre, ce dont je ne
le remercie pas, c’est d’avoir déjà tout dit et notamment que, au mieux,
Hollande ne peut être qu’un second choix après Bayrou...du coup j'ai l'air d'un
mauvais plagieur moi !
1 - Ma première raison, la principale, une raison qui en vaut 10 à elle
seule, c’est bien que c’est Bayrou que je veux voir gagner l’Elysée. Et comme
il n’y a pas la place pour 2 !
Ca, c’est la base !
Donc, si on fait l’hypothèse, malheureusement pas complètement improbable
que Bayrou ne soit pas au second tour, mon choix entre les 2 candidats du
second tour, ne peut être qu’un choix par défaut et comme le dit fort justement
l’Hérétique « un candidat par défaut, ce n'est pas un bon
candidat » !
Au second tour, je choisirai donc par défaut, le candidat dont le solde des
colonnes débit et crédit est le plus positif ou le moins négatif.
Répondre à la question revient donc à lister les 9 premières lignes de la
colonne débit de François Hollande ?
Alors allons-y :
2 – Son passé
« le point faible de François Hollande, c’est l’inaction. Est-ce que
les Français peuvent citer une seule chose qu’il aurait réalisée en 30 ans de
vie politique » (Ségolène dans Le Figaro du 8 septembre
2011)
Il n’y a en effet, pas grand-chose dans le passé de François Hollande qui
permette de considérer qu’il fera un bon président de la république française.
Il n’a jamais assumé de responsabilités de haut niveau dans la vie publique, et
l’essentiel de ce qui ressort de son CV c’est son poste de Secrétaire Général
du PS. Or, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’épisode ne fut pas des
plus glorieux. Certes, cornaquer un troupeau d’éléphants égocentriques en
perpétuelle concurrence et qui n’en font qu’à leur tête est une tache
particulièrement délicate, mais François Hollande n’a fait que laisser le PS
dans l’état peu brillant ou il l’avait trouvé plus de 10 ans auparavant.
L'épisode navrant du référendum de 2005 en est un exemple frappant.
En bref, sauf à considérer que supporter Ségolène Royal pendant tant d’année
constitue un exploit en soi, rien dans son passé ne laisse supposer qu’il a les
qualités requises pour gouverner la France.
3 – Les incertitudes sur son caractère
Il se dit que l’homme est intelligent, drôle et très agréable, pour autant cela
suffit-il pour endosser avec succès les habits d’un chef d’Etat ?...la réponse
est dans la question, non !
Si on en croit ses "petits
copains" du PS, Flanby, Monsieur petites blagues ou fraise des bois, n'a
clairement pas la carrure pour assumer une telle responsabilité.
Pour le moment, et le dernier épisode des tractations avec les Verts semble le
confirmer, il semble plus être un homme de consensus qu’un homme de décision et
de fermeté. Or, autant la recherche du consensus est louable (ce que
manifestement n’a pas compris Sarkozy) autant le consensus à tout prix, au
risque qu’il se fasse sur le plus petit dénominateur commun, peut être un frein
important au changement. Or, des réformes, souvent difficiles, devront être
décidées pour permettre à la France de sortir de la difficile situation
économique dans laquelle elle se trouve. L’expérience montre que dans ces
situations, il faut savoir trancher avec fermeté, saura t’il le faire, pour le
moment j’en doute !
4 – Ses partenaires politiques
Ce troisième point rejoint le second. On le sait depuis longtemps, la primaire
l’a encore démontré, au sein du PS des courants porteurs d’idéologies très
différentes se côtoient. Si on y ajoute les Verts et pourquoi pas le Front de
Gauche qui aura monnayé son désistement au prix fort, Hollande devra concilier
une multitude de points de vue souvent beaucoup plus à gauche que lui. Compte
tenu de ce que j’ai exposé au point 2, le risque est clairement qu’il cède sur
des points importants à des gens avec lesquels je suis en profond désaccord
(Hamon, Montebourg, Mélenchon, les Verts…).
5 – Il ne sera pas nécessairement soutenu par sa propre
majorité
Ce point est le corolaire des précédents.
On sait la manière dont il est considéré par les autres éléphants roses, on
connait la rigidité des Verts qui une fois qu'ils auront eu leur groupe à
l'Assemblée, ne lui feront pas de cadeaux et ne parlons pas du Front de Gauche
dont le représentant passe plus de temps à agresser Hollande que Sarkozy.
Je suis persuadé que si Hollande a été choisi lors de la primaire, ce n'est pas
dans un grand élan d'adhésion à l'homme et à ses idées, (il n'y a rien dit
d’intéressant), non, c'est simplement et uniquement parce que les sondages le
donnaient le plus largement gagnant face à Sarkozy.
Si à cet isolement on ajoute les incertitudes sur sa capacité à s'imposer et
l'impatience d'une grande partie de la Gauche d'imposer ses idées
anticapitalistes, anti-riches et anti-entreprises, la gouvernance de Hollande
risque d'être pour le moins difficile.
6 - Son projet
L’appellation projet est un peu présomptueuse dans le cas de Hollande mais il
faut avouer qu’il annoncé qu’il le dévoilerait qu’en Janvier 2012. Pour autant,
le bonhomme a bien été obligé de dévoiler quelques idées phares ne serait-ce
que pour la primaire. Et là, il faut bien le dire, rien de fameux !...entre les
60 000 postes dans l’Education Nationale, faire payer les riches, le
protectionnisme ou le contrat génération dont Aubry elle-même s’est demandé
comment il allait le financer (8 milliards d’euros en allégement de charges
avec tous les effets d’aubaine lié à ce genre de bidule), on ne peut pas dire
qu’il y ait de quoi s’enthousiasmer !
Or, la situation dans laquelle se trouve la France ne donne aucun droit à
l'erreur. Ce n'est pas après avoir plombé les comptes de la France par des
dépenses supplémentaires qu'il faudra se demander comment on va les financer.
Et si l'idée très socialiste est de ponctionner les riches jusqu'à la moelle
pour résorber le déficit, rapidement on n'en sera plus à vainement tenter de
sauvegarder le triple A mais à espérer qu'on ne nous dégrade pas notre BB-
.
7 – Ses non dits, ses flous
Le point 6 est le pendant du précédent.
Il faut reconnaitre à Hollande le mérite d’avoir clairement annoncé qu’il
réduirait les déficits mais par contre, rien sur la manière de procéder. Il
faut dire qu’annoncer de la rigueur alors qu’on a accusé le gouvernement
d’étrangler les français sous prétexte qu’il a décidé de ponctionner 2 centimes
sur chaque canette de COCA et qu’il a relevé la TVA sur la restauration d’1
point et demi, ça la fout mal !...du coup, le flou total !
Comme disait la
grand-mère de Martine, quand c’est flou c’est qu’il y a un loup !
Sur beaucoup d’autres sujets il reste également dans le vœu pieux comme par
exemple la manière dont il va procéder pour favoriser l’investissement des PME
ou encore comment il va augmenter le pouvoir d’achat.
8 – Il est socialiste
Même si il est loin d’être le pire en la matière, Hollande est quand même un
des leaders, et depuis longtemps, de ce parti Socialiste, avec tous ses
archaïsmes. Le Parti Socialiste n’a pas encore tout à fait compris que pour
distribuer il faut générer de la richesse et que ce sont les entreprises qui la
génèrent cette richesse. Les Socialistes prétendent depuis toujours fournir une
protection aux français en les confortant dans cette croyance qu’il n’y a
pas d’efforts à faire sauf évidemment pour les plus riches. C’est sur la
base de cette mentalité que les 35 heures ont été instaurées et qu’ils
promettent de revenir à la retraite à 60 ans. Sa célèbre sortie « j’aime
pas les riches » est particulièrement révélatrice de cet état d’esprit. Le
problème c’est que maintenant que tout le monde a compris qu’on ne pouvait plus
vivre à crédit, ils sont emmerdés parce qu’ils ne peuvent plus faire leur
promesses inconsidérées du type demain on rase gratis….d’ou le flou signalé
plus haut !
9 - L’absence de perspectives
Il ne fait pas rêver Hollande, c’est clair, mais dans les circonstances
actuelles, faire rêver et souvent synonyme d’entourloupe. Pour autant, ce qu’on
attend d’un président de la république, c’est qu’il ouvre des perspectives au
pays, qu’il ait une vision à long terme, qu’il définisse des axes forts. Or, à
ce jour, rien de tout cela. Il est soit resté dans le commentaire critique et
négatif de l’action de Sarkozy soit dans la proposition concrète plus ou moins
réaliste. Le plus gênant, n’est pas nécessairement qu’il ne nous ait pas encore
produit un projet de haut vol, mais c'est que l’on a du mal à imaginer qu’il
puisse en produire un. Sans aller jusqu'à espérer un nouveau De Gaulle on est
en droit d'attendre d'un Président de la République, surtout dans ces temps
difficiles, qu'il prenne un peu de hauteur.
10 - Il s’y croit déjà
« Je ne suis pas un contre-président, je suis le prochain ! »
(Libé du 7 novembre).
A la fois dans sa posture et dans ses propos, il s’y croit déjà, il est le
futur président de la république !
Le problème, c’est que c’est pour le moins prématuré. Cette manière de vendre
la peau de l’ours avant de l’avoir tué, comme une sorte d'auto-proclamation est
au mieux exaspérante, au pire insultante pour les électeurs. Ce n'est
évidemment pas le plus essentiel, mais ce point à mettre à son débit.
En conclusion, bien évidemment, il faudra comparer les soldes crédits moins débits des candidats en lice, mais sans préjuger des résultats de cet exercice et évidemment sans être trop lourd, il me semble qu'il y a clairement un meilleur choix à faire que Hollande lors de la prochaine présidentielle….tiens, Bayrou par exemple, très bien Bayrou
Bon, je sais que c'est une chaine et que je suis censé passer le relai à d'autres petits collègues, mais comme je me vois mal solliciter quelques uns des nombreux left blogueurs qui trustent la blogosphère politique, et que les quelques blogueurs sinon de Droite du moins non marqués à Gauche ont déjà été mis le coup, je me contenterai de faire des liens vers ceux-ci. Allez donc voir ici, là, là ou encore là et là (désolé pour ceux que je n'aurais pas vu).