Le Harry’s Bar a 100 ans « Great bars never die ! » par Patrick Faus.#
Le Harry’s Bar était et est toujours un temple de l’alcool et des cocktails, ces fameux breuvages démoniaques aux alliances improbables ou redoutables qui servaient surtout à accélérer l’ivresse sous couvert de sophistication. Pas d’alcool pur qui fait peuple, mais du style et de l’imagination. Ainsi naquirent en ces lieux quelques joyaux qui font encore l’unanimité parmi les soiffards honteux du 21ème siècle méritant. Le Bloody Mary, tellement célèbre que l’on se dispute encore sa paternité, mais c’est ici et pas ailleurs que Ferdinand Petiot dit « Pete » a mis de la vodka dans les premiers jus de tomate qui arrivaient en 1920. Puis, il y eut le Side Car en 1931, le Blue Lagoon en 1960 et le Pétrifiant en 1964 concocté par Andy, fils d’Harry, et qui porte bien son nom car il peut au deuxième verre vous pétrifier sur place !
Le miracle de la longévité du Harry’s Bar est là, dans ce choix d’alcools de toutes origines et de tous les styles, dans la créativité des faiseurs de cocktails, dans l’esprit d’équipe du lieu où il n’y a pas de chef barman, dans la vieille machine a real hot dogs qui trône sur le bar, dans les fausses élections américaines avant la vraie, mais pas seulement. L’esprit fait la force, l’âme construit la pérennité. Les deux sont inhérents à l’histoire du lieu. Le Harry’s Bar est tellement de choses à la fois : une enclave américaine à Paris et la fascination de l’Amérique ne faiblit pas malgré les apparences ; le décor immuable en bois magnifique, témoin vivant d’un autre temps ; les hommes en blancs ces barmen infatigables aux connaissances sans faille, et l’ambiance changeante suivant les heures du jour et de la nuit chacun ayant sa préférée, son monde à lui. Cependant, depuis quelques années, the times they are a’changing : les interdictions qui surgissent de toute part sous couvert de santé et de « bien-être », boire ou conduire il faut choisir, les fumeurs relégués sur le pavé qu’il pleuve ou qu’il vente, l’arrivée récente des femmes dans les lieux d’hommes qui change la donne, les attitudes et les propos, en bien ou en moins bien, l’avenir le dira. D’ailleurs n’est-ce pas pour la première fois une femme qui le dirige… signe des temps, encore. Mais le Harry’s Bar est plus fort que le temps, plus fort que nous. D’où l’amour que nous lui portons et celui-là est éternel.
5, rue Daunou (of course !)
75002 Paris
Tél : 01 42 61 71 14
www.harrysbar.fr
Ouvert tous les jours de 12h à 2h du matin
(3h du matin le week-end)
Musique live du mardi au samedi, de 22h à la fermeture
A lire absolument
The original Harry’s Bar
par Isabelle MacElhone
Editions La Martinière
25 €