L’affaire DSK (suite): L’information éclatée

Publié le 26 novembre 2011 par Francoisjost

Depuis ce matin, les « flashs » des radios diffusent des fragments du récit publié par Le Monde (26/11/2011). L’un rapporte que d’aucuns ont dansé de joie après la scène de la suite du Sofitel, un autre qu’on ne sait qui se trouvait dans la chambre 2820 au même palier que le directeur du FMI, un autre encore que l’on n’a pas retrouvé son fameux smartphone. Peu prennent le temps ou la peine de retracer la chronologie très précise donnée par le quotidien. C’est comme si, finalement, ne nous parvenaient que des éclats d’informations, des fragments, qui, pourtant, isolément ne veulent pas dire grand-chose.
Certains journalistes présentent ces nouveaux éléments comme des arguments des avocats de DSK, alors qu’ils proviennent directement d’un journaliste indépendant qui a fait – c’est vrai, c’est rare – un travail d’investigation. Ce qui revient, bien sûr, à jeter la suspicion sur les faits. S'ils proviennent des avocats, ils sont forcément suspects... Cet ancrage énonciatif contraste fortement avec le premier récit relaté au lendemain de l’affaire, qui présentait la version de Nafissatou Diallo comme un événement irréfutable. Deux poids, deux mesures.
La résistance au récit du New York Review of Books se manifeste aussi dans le vocabulaire employé pour le présenter. Il ajouterait de nouvelles « zones d’ombre », selon les commentaires, alors même qu’en s’appuyant à la fois sur des messages téléphoniques et des images, il éclaire au contraire sous un nouveau jour cette affaire. L’élément essentiel de ce récit, me semble-t-il, celui est qui chronologiquement premier, mais aussi primordial, c’est le fait que, le matin du 14, « une amie de l'ancien directeur du FMI, qui travaille comme documentaliste au siège parisien de l'UMP, lui a envoyé un message dans la matinée pour le prévenir « qu'au moins un de ces e-mails privés récemment envoyés depuis son BlackBerry à son épouse, Anne Sinclair, avait été lu dans les bureaux de l'UMP à Paris. » (Le Monde, 25/11/11). Si cette information est avérée, elle est bien plus grave que ce qui s’est passé dans la suite « présidentielle ». On peut espérer qu’elle mobilisera l’énergie des journalistes d’investigation français : qui a commandité ce piratage destiné à l’UMP ? C’est la seule question intéressante. S’il existe une zone d’ombre, c’est bien là qu’elle se trouve. Et il est urgent de faire la lumière à ce sujet.
Je sais que certains lecteurs vont m’opposer que les comportements de M. Strauss-Kahn restent très critiquables. Sans doute. Il a lui-même admis une « faute ». Pa rapport à quoi, à qui? Sa famille ou par rapport à « l’ordre moral » ? La seconde hypothèse me paraît plus juste. Tout ce que révèlent les récentes enquêtes, c’est que DSK est un libertin, mais, pour le moment, il n’a encouru aucune condamnation, si ce n’est celle des médias. On ne lutte décidément pas contre les images. Les rumeurs sont dures à combattre, les photos bien plus encore. Quoique l’on dise, quoique l’on prouve, DSK restera longtemps cet homme mal rasé, accablé, sortant de prison les menottes aux poignets.