La député européenne Corinne Lepage, le député PS Christian Bataille et le directeur général du WWF Serge Orru réagissent au discours de Nicolas Sarkozy au Tricastin.
Trois personnalités connues pour leur engagement en faveur ou contre le nucléaire réagissent au discours du président Nicolas Sarkozy à Tricastin le vendredi 25 novembre, dans lequel il rejette toute hypothèse de sortie du nucléaire et met en cause l'accord PS-Verts.
Corinne Lepage, députée européenne, fondatrice de Cap21, auteur de "La vérité sur le nucléaire – Le choix interdit" (Albin Michel, 2011) : "Je suis très choquée. Le président mélange contre-vérités, imprécisions et confusions. Les chiffres qu'il a donnés sont faux : l'Allemagne n'émet pas dix fois plus de gaz à effet de serre que la France, le photovoltaïque ne coûte pas deux fois plus cher que le nucléaire… Mais le plus important, c'est la philosophie générale, celle de la peur. Sans le nucléaire, tremblez, vous n'aurez plus d'emploi ! Totalement faux. Au contraire.
La fermeture de 24 centrales, prévue dans l'accord PS-Verts n'interviendra pas demain : l'accord prévoit la fermeture de deux réacteurs seulement d'ici 2017. Il n'y a pas de menace sur l'emploi. Et puis Nicolas Sarkozy parle d'emplois conservés dans le nucléaire, mais il oublie qu'il en a supprimé 12.000 dans la filière photovoltaïque et qu'il en supprime encore en choisissant de ne pas développer cette filière. C'est une condamnation à mort du renouvelable en France et de l'emploi qui va avec. Criminel".
- Christian Bataille, député socialiste du Nord, rapporteur de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques, hostile à une sortie du nucléaire : "Nicolas Sarkozy est un libéral qui veut faire croire qu'il s'est converti, tout d'un coup, à une conception interventionniste de l'Etat, qui rappelle le gaullisme planificateur. Alors qu'il a contribué à fragiliser la filière par le démantèlement d'EDF et par le débarquement d'Anne Lauvergeon. En revanche, l'accord PS-Verts qui prévoie la fermeture de 24 centrales d'ici 2025 me paraît totalement inapplicable. Pour répondre aux besoins immédiats, nous avons besoin du moindre kilowattheure".
- Serge Orru, Directeur général du WWF : "Nicolas Sarkozy n'y connaît rien. Il est persuadé que le nucléaire ne coûte pas. C'est la raison pour laquelle il a commandé à la Cour des comptes un rapport sur le coût de la filière nucléaire ! S'il connaissait la réalité, il ne l'aurait pas accepté ! On ne peut pas tout à la fois faire le nucléaire, les énergies renouvelables et des économies d'énergie. Plutôt que de jouer l'opposition entre les obscurantistes et le progrès, ayons un vrai débat".
Morgane Bertrand pour Le Nouvel Observateur