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Wikipédia : quand la spirale tourne à vide

Publié le 26 novembre 2011 par Pierrotlechroniqueur

La spirale, c'est celle, dont j'ai déjà parlée, qui est enclenchée lorsqu'un contributeur (ou du moins sa wikiréputation) se retrouve dans l'œil du cyclone1. Un de mes mystérieux informateurs m'a, à ce sujet, alerté sur le cas de Loic182, actuellement débattu sur l'organe officiel2, ou Bulletin des administrateurs (BA pour les familiers). Je ne développe pas la chronologie des événements le concernant puisque Popo l'a fort bien fait sur le BA (aussi je vous y renvoie), mais je vais ajouter deux éléments supplémentaires :

Et là se pose tout de même un problème à mon sens important. Si l'on regarde chacune des étapes ayant amené cette décision finale — qui se profile à l'heure où j'écris ces lignes — de blocage indéfini, il n'y a pas grand chose à en dire : tout a été fait dans les règles (sanction d'attaques personnelles, doublement du blocage pour contournement et mensonges sur ce contournement). Et pourtant, si on fait le bilan à froid, il en ressort que, dans cette histoire, jamais le contenu encyclopédique n'a été mis en péril ... mais que Wikipédia compte néanmoins deux contributeurs actifs et expérimentés en moins (un qui est bloqué indéfiniment, l'autre qui s'en va pour protester contre ledit blocage). J'ai, du coup, un indéfinissable sentiment de malaise et de gâchis qui me dit que, finalement, il y a eu là comme un raté administratif. 

Et, dans ce cas, à quel niveau se situent les problèmes, qu'il faut identifier pour qu'un tel gâchis ne se reproduise pas ? Chacun pourra évidemment se faire son opinion mais, après analyse, je considère que trois éléments ont nui au traitement adapté du cas Loic182 :

  • Le blocage initial d'une semaine. Pour quelques petites attaques personnelles dûes à un trop grand énervement passager, et a fortiori pour un premier blocage, c'est clairement trop. Je ne jette pas la pierre à son auteur, qui a très certainement agi en son âme et conscience (et j'ajoute que les autres administrateurs qui ont regardé la requête sont tout aussi coupables de ne pas avoir adapté la durée), mais je ne peux m'empêcher de penser que s'il avait été au tarif habituel dans ce genre de cas (un ou deux jours), il n'y aurait pas eu de contournement, donc l'affaire en serait très probablement restée là, et deux contributeurs n'auraient pas été perdus. Oui, je sais, c'est facile à dire après-coup ...  Mais cela a le mérite de poser le problème de la trop grande disparité de traitement des requêtes selon l'administrateur qui s'en occupe. Un vieux serpent de mer est la proposition d'une grille, d'un tarif fixe de blocage selon la nature de l'infraction constatée (exemple : une attaque personnelle serait systématiquement sanctionnée d'un jour de blocage. L'administrateur n'aurait donc plus qu'à se prononcer sur le fond, et plus à fixer lui-même derrière la durée du blocage). Il est à mon avis grand temps d'envisager ces sanctions fixes.
  • L'interférence, et même le zèle (à coup d'interventions sur RA et de RCU systématiques), d'un administrateur partie liée au conflit éditorial à l'origine de la surchauffe du bloqué. Combien de fois faudra-t-il le dire : un administrateur n'a pas à se mêler d'un débat concernant un contributeur avec lequel il est en conflit, même de manière indirecte. C'est du simple bon sens, et même une question d'éthique ...
  • La chasse au contournement de blocage. C'est l'usage : tout contournement de blocage avéré doit être sanctionné du doublement dudit blocage. C'est logique : s'il est permis de le contourner sous IP ou avec un autre compte, quel valeur et utilité peut alors encore avoir un blocage ? C'est d'autant plus le cas si le contournement consiste à persister dans le comportement ayant motivé le blocage initial. Et là, on peut alors se poser la question suivante : si le bloqué contourne son blocage simplement pour continuer son travail, pour faire des contributions valables, voire de qualité, faut-il malgré tout mener la chasse et doubler le blocage pour rappeler qu'un blocage sert à interdire l'édition, quelle qu'elle soit ? Ou faut-il considérer que, les administrateurs ayant pour but ultime la protection de l'encyclopédie, il est préférable de fermer les yeux et de laisser le contenu être amélioré par le bloqué ? Autrement dit, ne faut-il pas faire preuve, là aussi, de bon sens dans la gestion des contournements de blocage et ne sanctionner que les contournements permettant la poursuite du problème ayant justifié l'intervention des administrateurs, ou encore la dégradation du contenu ? C'est une question assez délicate à trancher car, finalement, pour les raisons que j'ai exposées, les deux positions sont valables. Pour mémoire, je rappelle le billet que j'ai commis il y a quelques temps sur une thématique très proche : la révocation systématique des éditions, même valables, effectuées sous contournement de blocage.

En conclusion, et comme je le disais en titre, la spirale des blocages a ici tourné à vide. Loin d'assurer la protection de l'encyclopédie, elle s'est nourrie elle-même pour entraîner deux départs largement évitables (et dommageables). Il faut vraiment réfléchir avant de l'enclencher et de la voir s'échapper, hors de contrôle. Et peut-être aussi arrêter de ne raisonner qu'en terme de wikiréputation ...

1. Admirez la métaphore filée, qui vaut au moins 2/20.

2. Je note au passage, pour le déplorer, que l'usage voulant que le pseudonyme d'un contributeur n'apparaisse pas en-tête de section afin de ne pas le stigmatiser se perd.

3. Mais j'ai peut-être raté quelques épisodes ...


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