Un sac de billes : jeux d'enfance, jeux de guerre

Par Icecool

  Entre deux dossiers pédagogiques, nous décrivons parfois ici dans le détail les nombreuses étapes, intellectuelles ou graphiques, ayant mené au choix de la couverture finalisée. La catégorie "Première de Couverture" offre ainsi une partie "bonus" ou "making-of" additionnelle à la compréhension de l'album évoqué.

  Récemment interrogé dans le cadre du travail réalisé au profit du futur ouvrage consacré à la Deuxième Guerre mondiale dans la bande dessinée (à paraitre en 2012), le dessinateur Vincent Bailly nous fait ici la gentillesse de revenir (visuels inédits à l'appui) sur la genèse du visuel du tome 01 de l'adaptation d'Un sac de billes, paru aux éditions Futuropolis en 2011. Nous restituons ici une partie de cette interview, ainsi que les commentaires en rapport avec la 1ère de couverture.

Que pensez-vous de la 1ère transposition de cet ouvrage en bande dessinée, à savoir celle effectuée par Alain bouton et Mark Malès en 1989 (Bayard Editions) ? En aviez-vous rediscuté avec Joseph Joffo ?

Vincent Bailly : Je ne savais pas qu’Un sac de billes avait déjà été adapté, et je ne l’ai appris qu’en commençant le travail de recherche et de documentation. Cette 1ère transposition était difficile à trouver et de toutes façons je voulais éviter de trop m’imprégner du travail d’un autre sur un sujet que nous avions à traiter, donc je n’ai pas chercher à le lire. Joseph Joffo nous l’a montrée la première fois qu’on s’est rencontré ; en fait il ne se trouvait pas assez « beaux garçons » lui et son frère dans les premières planches que j’ai amené et il m’a montré le travail de Mark Malès comme exemple… que je n’ai pas suivi, en bonne tête de mule...


  Editions Bayard - 1989

Comment s’est effectué le choix de la couverture ?

Vincent Bailly : On a commencé par en parler, on était d' accord pour éviter de tomber dans certains clichés trop convenus quand on représente l’époque et surtout quand on illustre l’antisémitisme pendant la Deuxième Guerre mondiale : à savoir deux petits juifs en train de courir sur fond de croix gammée, on l’a vu trop souvent et, à titre personnel, les symboles nazis me gavent tant ils sont trop facilement repris. C’est très graphique et, ces derniers temps on les met à toutes les sauces, donc, si on n’en a pas besoin, autant s’en passer. Maintenant, pas de faux procès, quand on traite de la période il faut utiliser ces éléments, sans en rajouter.

J’ai fait plusieurs propositions sur mon petit carnet de croquis et j’ai envoyé tout ça à Kris à nos éditeurs, Claude et Sébastien, et le directeur artistique de chez Futuropolis, Didier.


     

 Fig : roughs de couverture 1 à 5

Didier a immédiatement fait une très bonne proposition : il a recomposé trois des propositions pour en faire une première et une quatrième de couverture, et on a tous été d’accord tout de suite pour dire qu’on tenait une bonne couverture , ce qui est arrivé plutôt vite et ne se produit pas si souvent : il n’est pas rare qu’il y ait plusieurs allers-retours et de nouvelles propositions avant que tout le monde soit d’accord.



J’ai repris le rough à mon compte (fig. : rough couv. un sac de billes) puis j’ai attaqué la réalisation, qui m’a pris trois jours. Je mets les étapes pour le fun : d’abord le crayonné, on s’était demandé s’il fallait que les gamins au second plan soient visibles où si on ne faisait que leur pieds dépassants du haut de l’image. Finalement on avait besoin de leurs expressions donc je les ai dessinés entièrement. (étape 1)

Ensuite l’encrage : c’est du feutre. (étape 2)

Puis je monte les ombres et les couleurs de fond avec des encres aquarelles. (étapes 3 et 4)

Un jus général d’encre pour unifier le tout et même un peu d’informatique pour vérifier certains effets. (étape 5)

Finalisation à l’acrylique pour les détails et pour renforcer la saturation des couleurs les plus sombres qui passent mal à l’aquarelle (couverture brut)


 

 

 

Même manière sur la 4ème de couverture, sauf que pour celle là j’avais changé de papier : j’utilise d’habitude du Vinci et, sur le conseil des copains, Maël et Joseph Béhé, j’ai testé le Lanaquarelle, qui est un super papier, mais finalement j’ai pris mes habitude avec l’autre donc le deuxième tome continue à se faire au Vinci.

 

 

Tous les visuels présentés sont © éd. Futuropolis, Kris et Bailly 2011.