Ces lettres sont présentées selon l’ordre chronologique par Raymond Trousson, professeur à l’université libre de Bruxelles, qui s’est efforcé de montrer leur grande diversité ainsi que l’évolution de Rousseau tout au long de sa vie.
D’abord familières et passionnées, les lettres prouvent le besoin que ce misanthrope solitaire avait des autres pour le secourir dans son quotidien, lors de ses années d’exil en particulier
Le philosophe a naturellement partagé ses idées aussi, notamment dans sa lettre de 1756 à Voltaire sur la Providence et la théodicée, à la suite du poème de son correspondant sur le désastre de Lisbonne.
Enfin, les dernières sont particulièrement touchantes, celles de la paranoïa et des souffrances de la fin.
Je connaissais quelques lettres écrites à Madame de Warrens, la «très chère maman» mais une autre m’a frappée : celle à la Comtesse de Boufflers, la maîtresse du Prince de Conti, qui lui avait fait envoyer du gibier tué de la main de ce dernier. Rousseau proteste et se rebelle car il n’accepte pas les présents.
«Ces dons ne sont que du gibier, j’en conviens, mais qu’importe ?Selon moi, rien de ce que l’on reçoit n’est sans conséquence. Quand on commence à accepter quelque chose, bientôt on ne refuse plus rien. Sitôt qu’on reçoit tout, bientôt on demande ; et quiconque en vient à demander fait bientôt tout ce qu’il faut pour obtenir. La gradation me paraît inévitable. Or, Madame, quoi qu’il arrive, je n’en veux pas venir là.»
Jean-Jacques Rousseau en 78 lettres, un parcours intellectuel et humain, présentation de Raymond Trousson, (Sulliver, Cabris (Alpes-Maritimes), Arts et lettres en perspective, 297 pages)
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