Lors des élections du week-end dernier, l’Espagne a rejeté le socialisme. Seulement 3% des citoyens européens ont désormais un gouvernement de gauche.
Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume-Uni
Les Indignados, qui ne sont finalement pas si populaires.
Félicitations à Mariano Rajoy, dont le Partido Popular a remporté une triomphante victoire en Espagne : près de 11 millions de voix contre les 7 millions récoltés par les Socialistes, 186 sièges contre 110 pour ces derniers. Ce n’est pas souvent que vous pouvez trouver la même Une sur ABC et dans El Pais, mais un résultat d’une telle envergure ne peut donner lieu à une aucune interprétation : les deux vieux rivaux ont convenu que l’Espagne a entièrement confier son avenir aux conservateurs.
Ce succès est d’autant plus remarquable que, tandis que le Parti Socialiste (PSOE) récupérait les voix des électeurs de centre-gauche à travers l’Espagne, celles des électeurs de centre-droit en Catalogne et au Pays basque tendaient plutôt à supporter des partis autonomistes locaux. Cela signifie que, pour gagner avec une majorité absolue, le Partido Popular devait creuser l’écart face au PSOE dans le reste du pays. C’est ce qui s’est produit. Quatre des cinquante provinces espagnoles sont en Catalogne, et trois sont dans le Pays Basque. Sur les quarante-trois restantes, le Partido Popular en a remporté quarante-deux (en plus de la province d’Alava dans le Pays Basque). En Espagne castillane, seule la citadelle de Séville a su résister à l’assaut de la marée bleue.
Dieu merci, ce résultat est décisif. En Grèce et en Italie, les premiers ministres élus ont été renversés et remplacés par des gens intronisés par Bruxelles. Un parlement sans majorité aurait ouvert la porte d’un éventuel euro-putsch en Espagne. Par le passé, les deux bords politiques espagnols ont été équivoques à l’égard du résultat des urnes. Chacun sait que les conservateurs espagnols ont refusé l’étroite victoire de la gauche en 1936. Ce qu’on oublie souvent est que les républicains étaient tout aussi réticents à accepter la victoire de la droite, deux ans auparavant. Une longue histoire de soulèvements et de pronuncamientos signifie que la démocratie était largement vue comme le moyen vers une fin plutôt qu’un système désirable, dans son propre droit.
Heureusement, aucun d’entre eux ne peut désormais remettre en cause le mandat du Partido Popular. Pendant la campagne, Rajoy a promis de réduire la dette et de remettre les Espagnols au travail, en réformant les paralysantes lois espagnoles sur le travail. Les indignados pourraient alors devenir les minoritarios : les petits, rabougris, maigres, si bruyants et si gênants insectes d’une heure.
S’il veut réussir, le nouveau premier ministre devra agir immédiatement. L’Espagne pourrait facilement suivre la voie du Portugal et de la Grèce, et la tâche de Rajoy est l’une des plus ardues, car, tant que l’Espagne restera dans l’Euro, la souffrance ne sera compensée par aucun gain manifeste. Des années de pratiques d’austérité sans reprise et les voix étatistes du Partido Popular commenceront à demander que les ministres « agissent » – c’est-à-dire « dépensent plus ».
L’une des curiosités de l’Europe d’aujourd’hui est que rien ne change vraiment, bien que les personnes continuent de voter pour des partis de droite. Seuls 3% des citoyens européens vivent désormais sous l’autorité d’un gouvernement de gauche (ceux d’Autriche, du Danemark, de Chypre et de la Slovénie – Je ne pense pas que nous pouvons encore compter la Grèce). Pourtant, les dépenses continuent d’augmenter (à l’exception de la défense), les bureaucraties continuent de s’étendre, les pouvoirs continuent de glisser des capitales nationales vers Bruxelles. Ce qui nous amène à une dure vérité. Tant que la plupart des lois sont édictées par Bruxelles, tant que les politiques économiques sont énoncées par Francfort, votre vote n’a aucune sorte d’importance.
—-
Sur le web
Traduction : Florian H. pour Contrepoints.