Le mois dernier, l'Association Santé Environnement France, qui fédère plus de 2500 médecins, a lancé une enquête pour évaluer l'impact des antennes relais sur la santé des riverains. Elle vient d'en publier les résultats...
Alors que les ondes électromagnétiques sont de plus en plus décriées par les scientifiques et les riverains, les médecins de cette association ont décidé de mener leur propre enquête en octobre dernier. Ils ont ainsi fait remplir des questionnaires de santé à 143 locataires des HLM d'Aix-en-Provence et d'Aubagne (Bouches-du-Rhône). Ces logements ont été choisis en fonction de la quantité d'antennes installées sur leur toit (entre 12 et 14 antennes) afin d'évaluer au mieux leur impact sur la santé. Verdict.
Des résultats sans ambiguïtés
Concernant les problèmes d'acouphènes (sifflements, bourdonnements, etc.), 43% des personnes interrogées s'en sont plaint. Or, comme le rappelle l'association Santé Environnement France, seulement 15% des Français disent souffrir d'un tel problème. Pour les troubles du sommeil, les résultats montrent que 55% des locataires en souffrent, alors que la moyenne mondiale est de 32%. Enfin, 27% des sondés éprouvent des difficultés à se concentrer, alors seulement 4% des Français avouent cette difficulté. Plus troublant encore : 83% de ceux qui peuvent partir en vacances constatent la disparition de leur(s) symptôme(s) au bout de quelques jours.
Ces résultats ne surprennent pas le Dr Patrice Halimi, Secrétaire Général de l'ASEF et Chirurgien-Pédiatre à Aix-en-Provence : " Les résultats de cette enquête vont dans le sens de l'étude Bortkiewicz publiée en Pologne en 2004 ou encore de l'étude Abdel-Rassoul menée en Egypte en 2007 qui faisaient toutes deux le lien entre les troubles du sommeil et de la concentration et la proximité des antennes relais. On peut également évoquer l'étude Hutter réalisée par une équipe de chercheurs autrichiens en 2010 qui a démontré le lien entre antennes relais et acouphènes. Les locataires que nous avons rencontrés ont l'impression qu'on se moque d'eux. On ne leur a pas demandé leur avis pour savoir s'ils étaient d'accord pour qu'on leur implante des antennes relais sur leur toit. Ils ne touchent même pas d'indemnités financières pour ça et pourtant ce sont eux qui prennent et assument le risque. C'est anti-démocratique. En tant que médecins, nous estimons qu'il n'y a pas ni patient, ni citoyen de seconde zone ".
HLM : les plus exposés
L'arrêt du 7 avril 2005 décrète qu'une antenne relais ne peut être implantée qu'à condition que les propriétaires de l'immeuble ne donnent leur accord unanime. Or les locataires de HLM n'ayant pas la possibilité de s'y opposer, les opérateurs profitent de cette solution de facilité pour imposer leurs antennes à ces logements groupés.
En mai dernier, le Conseil de l'Europe a lui-même reconnu que les ondes de la téléphonie mobile représentent une menace à la santé publique. Cette nouvelle étude devrait donner de nouveaux arguments à ceux qui s'y opposent depuis leur apparition et montre combien il est nécessaire de diminuer et de mieux répartir les points d'émission.
AM