Comme le veut un peu la tradition, avec chaque disparition d’artiste voit arriver son lot d’inédits et d’albums posthumes. Amy Winehouse n’échappe pas à la règle. Avec Lioness : Hidden Treasures, on redécouvre la diva torturée au travers de ses premières chansons, de duos qui n’ont jamais vu le jour et de versions originales.
Hidden Treasures couvre donc la palette d’influences et d’inspirations d’Amy, du doux reggae de « Our Day Will Come » aux sonorités Bossa Nova de « The Girl From Ipanema ». Cette version beaucoup plus ‘jeune‘ de ce classique Bossa Nova enregistrée en 2002 lorsqu’elle avait 18 ans montre déjà le don qu’elle avait de se réapproprier des titres maintes fois entendus. Et des reprises, il y’en a des belles avec « Will You Still Love Me Tomorrow » de The Shirelles ou encore la version originale et plus lente de sa relecture de « Valerie » rendue célèbre aux côtés de Mark Ronson.
De son vivant, peu de duos d’Amy ont fait surface. Si sa collaboration avec son idole de toujours Tony Bennett nous fut dévoilée quelques jours après sa disparition, souvenir d’une dernière session studio faisant désormais partie de la légende, ce sont plutôt ces incursions dans l’univers Hip-Hop qui retiennent l’attention. Nas en featuring sur « Like Smoke », Questlove à la batterie sur « Halftime », rien que ça ! On se surprend à l’écoute à faire une liste des rappeurs avec qui elle aurait pu collaborer Mos Def, Q Tip, et j’en passe.
La beauté de cet album réside dans les premières versions de titres que l’on pensait si bien connaître avec l’impression de les redécouvrir. « Tears Dry » (et non « Tears Dry On Their Own ») est en fait une ballade. “Wake Up Alone” est plus épurée et à l’inverse, le live de “Best Friends” permet de donner plus d’amplitude à ce titre qui figure en version acoustique sur le single In My Bed/You Sent Me Flying datant de l’époque de Frank. Le spectre d’Amy survole tous ces titres, comme si elle n’était jamais partie, comme si elle déambulait encore dans son Camden bien aimé. Et comme pour nous rappeler la triste réalité, « Between The Cheats », titre totalement inédit enregistré pour un éventuel et désormais impossible troisième album, se déploie dans toute la Soul attitude d’Amy, comme la continuité de son désormais orphelin Back To Black et relique du talent gâché. Amy tire sa révérence sur une reprise du classique « A Song For You » rendu célèbre par Donny Hathaway. Si plusieurs s’y sont essayés et plusieurs ont échoué (pour n’en nommer qu’une: Whitney Houston), Amy Winehouse en livre une version déchirante, douloureuse à l’image de ces meilleurs titres, à son image.
Lionnes : Hidden Treasures fait partie de ces rares albums posthumes totalement réussis. Amy Winehouse n’est plus mais nous laisse sa musique, seule rescapée de ces démons.