Les tifosi sont partagés : doit-on préférer arracher un match nul volé au Camp Nou ou apprécier le spectacle, la prestation et l’état d’esprit de l’équipe malgré la défaite à San Siro? Contrairement au match aller, Milan a joué sans peur et a mis en difficulté une très grande équipe. Il faut également tenir compte qu’il s’agissait d’un match de poule avec qualification déjà acquise car en élimination directe, le discours serait très différent. Voir jouer Barcelone est un délice pour les yeux de chaque passionné du beau football. Ce sentiment n’est pas contradictoire avec une passion (voir une foi) envers Milan et il est évident que tous les tifosi auraient préférés une victoire des Rossoneri mais le plaisir d’avoir profité d’un tel spectacle de haut niveau est presque aussi grand que la déception pour la défaite. Il est également tout à fait compréhensible de voir des tifosi plus pragmatiques qui veulent avant tout obtenir des résultats. Cependant, Allegri et l’équipe ont voulu se rassurer, se jauger, se mesurer face à Barcelone en envoyant un signal clair : on n’a pas peur, on va jouer pour gagner et que le meilleur gagne.
Et actuellement le meilleur est sans l’ombre d’un doute Barcelone qui est deux, trois niveaux supérieur à toutes les autres équipes d’Europe (avec peut-être le Real qui reste un niveau en dessous). Le rythme, le niveau et le jeu des catalans sont encore plus extraordinaires car ils semblent d’une facilité déconcertante. Leur plus grande arme, en plus de la gestion phénoménale du ballon est l’extraordinaire mouvement sans la balle, que ce soit en phase de possession de balle ou sans. Et on ne parle pas d’un pressing hystérique mais d’un mouvement collectif parfaitement orchestré qui permet à Barcelone de récupérer les ballons très haut ou à contraindre l’adversaire à envoyer de longs ballons devant, pratiquement toujours récupérés par les défenseurs. Je suis peut-être limité tactiquement mais à certains moment, je ne comprenais plus rien à leur tactique : ils jouent avec 2 attaquants? 3 attaquants? La défense passait tranquillement de 4 à 3 éléments avec Mascherano et Busquets qui s’alternaient devant la défense, le milieu était totalement imprévisible avec des joueurs qui changent constamment de place, jeu en une ou deux touches de balle… La qualité technique, le collectif, le pressing, la vitesse et l’organisation permet à cette équipe d’entrer dans la légende en gagnant tout ce qui était possible et en formant le noyau de l’équipe d’Espagne, championne d’Europe et du Monde. Même Van Basten l’a avoué : ce Barcelone semble plus fort que le grand Milan de Sacchi, qui n’était rien de moins que la meilleure équipe de tous les temps…
Faut-il pour autant les imiter? Non! L’AC Milan est en construction, en début de cycle avec un Scudetto déjà remporté et une équipe capable d’y arriver de nouveau cette saison. Allegri a réussi à construire un collectif cohérent, une équipe qui se bat mais qui a tout de même énormément de lacunes : Milan manque de fraicheur et de grands joueurs. Les preuves? Partons de la défense : Nesta est sur la pente descendante, contre des adversaires aussi rapides, il est en difficulté. Zambrotta est titulaire alors que sa carrière s’est terminée depuis déjà pas mal de temps, visiblement sans qu’il ne le sache. Au milieu, Van Bommel est en grande difficulté après avoir disputé 6 mois à très haut niveau la saison passée. Seedorf ne peut plus suivre le rythme du football moderne, Aquilani n’est pas un mauvais joueur mais n’est pas non plus un grand joueur (ce qu’il aurait fallu cet été), il n’a pas la personnalité pour prendre l’équipe en main ni pour rivaliser face aux grandes équipes. Contre le Barça, c’est de nouveau le milieu qui a souffert le plus… Robinho rate quatre fois plus d’occasions que ce qu’il en marque et Pato n’a pas d’esprit d’équipe ni de grinta, juste des coups éclats de classe sporadiques avant de s’éteindre. Je ne suis pas un pro-Pato ou un anti-Pato, j’essaie juste d’observer et analyser ce que je vois. Mercredi, on a vu l’habituel Pato, qui se cache derrière ses défenseurs, mou et sans la moindre détermination. Il a plusieurs circonstances atténuantes (retour de blessure, équipe plus fatiguée qui n’a plus fourni de ballons, Barcelone qui est passé à une défense à 4…) mais il a maintenant 22 ans et doit démontrer être capable de supporter certaines pressions physiques et mentales du haut niveau, sinon Milan le vendra pour acheter un attaquant plus motivé. Actuellement, les forces de Milan sont Abate, Thiago Silva, Boateng et Ibrahimovic, les seuls joueurs qui pourraient être titulaires dans pratiquement toutes les équipes d’Europe. Tout cela, Berlusconi l’a compris, pour redevenir grand, Milan a besoin de grands joueurs, en commençant par un milieu de terrain, un latéral gauche et un attaquant. Pour réussir la saison actuelle, l’équipe a besoin de ces trois renforts dès janvier. Et en juin, il faudra prendre les bonnes décisions en ce qui concerne les joueurs en fin de contrat.
Comme déjà expliqué plus haut, il faut investir pour redevenir grand. On connait tous les rôles à renforcer mais on ne peut jamais savoir si les dirigeants renforceront ces secteurs puisqu’ils vivent surtout de bonnes affaires et joueurs en fin de contrats. Tout d’abord, on a besoin d’un latéral gauche puisque Taiwo ne convainc pas, il n’arrive pas à s’adapter à la réalité du Calcio (en plus de ne pas parler le moindre mot d’Italien) et sera sans doute prêté (voire peut-être vendu l’été prochain). Les trois pistes actuelles sont Balzaretti, Bruno Cortes et Maxwell, avec les deux premiers qui pourraient jouer en Champions League et ne seraient pas très couteux. Au milieu, Milan a un accord avec Montolivo : il pourrait arriver en janvier moyennant quelques millions ou venir gratuitement en juin. La seconde solution semble plus probable avec le retour anticipé de Gattuso, dès la reprise en 2012. Milan a également approché De Rossi en lui offrant un contrat de 4 ans à 6M d’euros mais la Roma est sa priorité sans oublier Manchester City prêt à augmenter les enchères. On en arrive à l’attaque où Milan mise tout sur Tevez. Milan a rencontré l’agent du joueur et a trouvé un accord. Manchester City est ouvert à un départ sur base d’un prêt mais il reste encore à convenir du montant de l’option d’achat et de l’éventuelle aide financière de City pour payer le salaire. L’AC Milan voudrait un prêt gratuit avec une option d’achat fixée à 20M alors que Manchester City voudrait 5M immédiatement avec une option d’achat à 25M. L’offre et la demande se rapprochent. L’Apache est prêt à diminuer fortement son salaire (de 8M à 5M par saison) afin de rejoindre Milan, qui est actuellement sa seule option pour « s’évader » de Manchester. Galliani a discuté de l’affaire avec Berlusconi et le président est prêt à accepter l’investissement. Tevez est devenu l’objectif prioritaire et Milan fera son possible pour engager l’attaquant argentin qui a déjà tout gagné en club. C’est là que Mino Raiola devrait entrer en jeu puisqu’il a de bons rapports avec Manchester City. Avec la volonté de Milan d’engager le joueur, de Manchester City de s’en débarrasser et de Tevez de quitter Manchester, il y a tous les éléments pour conclure l’affaire. Le futur, c’est maintenant.