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[Critique] LES NEIGES DU KILIMANDJARO de Robert Guédiguian

Par Celine_diane
[Critique] LES NEIGES DU KILIMANDJARO de Robert Guédiguian
Drôle de film que ce Guédiguian-là. Alors qu’il venait tout juste de nous offrir deux belles œuvres aussi noires que romanesques (Lady Jane et L’Armée du crime), il revient à ses amours d’antan: la ville de Marseille, le monde ouvrier, le pastis, et, le tract politique. Sauf que, d’humaniste assumé (l’histoire des Neiges du Kilimandjaro s’inspire librement d’un poème d’Hugo) à donneur de leçons, il n’y a qu’un pas, que franchit malheureusement le cinéaste. L’histoire est simple, comme le débat qui va faire rage tout du long : Michel, fraîchement licencié, coule des jours heureux auprès de son épouse femme de ménage. Pour leurs 30 ans de mariage, leurs amis et enfants leur offrent un voyage en Afrique. Puis, c’est le drame. Un soir, deux hommes les agressent violemment, leur volent argent, cartes de crédit et dignité. L’un des agresseurs a la vingtaine, s’occupe seul de ses petits frères, n’a pas de boulot, et pas une thune. Faut-il ou pas lui pardonner ? L’acte désespéré est-il compréhensible et excusable ?
Entouré de ses acteurs fétiches (Darroussin, Meylan, Ascaride), Guédiguian se laisse aller, en guise de réponse, à un déballage poussif de bons sentiments, multipliant les amalgames et les situations surnaturelles de naïveté. Attention, chez Guédiguian, c’est l’agresseur la vraie victime! Exiger une réparation, devant la justice, serait une preuve … d’inhumanité. Acte 1 : après avoir galéré toute leur vie à bosser, les deux quinqua culpabilisent, et se voient taxés de bourgeois ; acte 2 : la misère financière et affective du jeune devient une excuse à son attitude odieuse ; acte 3 : pour ne pas être aussi méchant que le méchant, il faut tendre l’autre joue. Dur, dur. Manichéisme outrancier et raccourcis faciles sont au programme d’un film, aux situations invraisemblables et hautement agaçantes. Est-ce parce que la jeune génération ne peut comprendre un tel altruisme ? (comme le clame Guédiguian tout le film !). Est-ce parce que la figure du justicier moderne citant Jaurès entre deux barbecues est absolument peu crédible ? Est-ce parce que gauchisme et relents cathos sont difficilement compatibles ? Quoiqu’il en soit, Les Neiges du Kilimandjaro peine à convaincre, en ode à la générosité, surannée et (vraiment, vraiment) peu plausible.
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