Au risque de lancer un... couteau dans la mare, oui tous rouillent en théorie, même ceux qui sont taxés d'inoxydables et garantis tels quels. Alliés à du chrome, molybdène ou vanadium aux propriétés désoxydantes, ils sont certes peu sujets à la corrosion, mais nullement à l'abri. Des couteaux comme Haiku Kurouchi sont plus concernés par la rouille puisque poreux par nature. Nombre de précautions en amont en limitent l'impact : les couteaux sont huilés en usine puis emballés dans un papier spécial, expédiés en avion dans des containers spéciaux les protégeant des variations de température (le sel marin du transport par navire serait extrêmement néfaste). Ce sont des facteurs de coût supplémentaires mais indispensables. Le seul moyen de les protéger serait de les revêtir d'un film protecteur siliconé mais l'aspect rustique tellement original disparaîtrait complètement, cela aurait l'air d'une horrible peinture noire brillante apposée sur le produit. Mais ces désagréments sont contrebalancés par la beauté de l'objet, son tranchant inimitable et sa facilité de ré-affûtage (en effet, moins le couteau ne comporte de chrome, mieux il s'affûte). Au Japon cela ne pose pas de problème (on y voit régulièrement les chefs cuisiniers essuyer le couteau avec un torchon suspendu à leur ceinture) et n'en posait pas non plus chez nous avant la dictature du lave-vaisselle. Laver et essuyer le couteau après emploi, conserver le produit enveloppé dans son papier anti-rouille livré avec et l'huiler lorsqu'on ne l'utilise pas un long moment sont quelques gestes qui éviteront l'apparition des taches. Au demeurant, il existe des effaceurs de rouille sur le marché si on se laisse surprendre. On les trouve sur le site consacré aux couteaux artisanaux de Chroma.