Le journaliste et essayiste indépendant belge Michel Collon, auteur de nombreux livres sur la question, sera en conférence (gratuite) ce soir à 20 h à La Cave de Villerupt. Le thème : comprendre les révoltes arabes.
Michel Collon, qui sera en conférence (gratuite) ce soir à 20 h à La Cave de Villerupt sur le thème « Comprendre les révoltes arabes », est un journaliste belge et essayiste indépendant. Il est l’auteur de nombreux livres sur l’Amérique latine ou Israël. À l’occasion de la sortie prochaine de La Stratégie du chaos, son nouvel ouvrage, il tente donc d’apporter un « autre regard sur le monde » au public lors de ce type d’échanges.
Le quatrième de couverture en donne les grandes lignes : « Il y a d’abord eu la stratégie du choc : Bush frappant l’Irak et l’Afghanistan. Mais il a échoué à contrôler ces pays. Les États-Unis passent-ils alors à une nouvelle politique, la stratégie du chaos ? "Ce que tu ne peux contrôler, détruis-le", dit le proverbe. À défaut de pouvoir contrôler les ressources du Moyen-Orient et de l’Afrique, ainsi que les routes maritimes stratégiques, il faut empêcher ses concurrents d’en profiter. Pour garder le leadership, Washington doit maintenir l’Europe soumise, neutraliser la Russie et surtout faire face à la montée de la Chine. Cette politique de la terre brûlée est le fil rouge nous permettant de déchiffrer l’ensemble des conflits qui traversent le monde musulman. »
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce livre ?
Michel COLLON : « Avec Mohamed Hassan, l’un des meilleurs spécialistes de ces questions, on a tenté d’analyser le rapport entre le monde arabo-musulman (le grand Moyen-Orient, la corne de l’Afrique, la Somalie, l’Afghanistan ou encore le Pakistan), ce que les États-Unis appellent « l’arc islamique », et l’occident. C’est une région où se multiplient les crises politiques, les guerres civiles… On a réalisé une série d’entretiens avec des personnes de cet arc. On essaie d’expliquer le lien de ce dernier avec le passé de l’Europe, grande puissance coloniale, et des États-Unis, superpuissance qui tente de garder la mainmise sur le monde. Ce passé a toujours un impact aujourd’hui, et a des conséquences sur les conflits. »
S’agit-il d’apporter un autre regard ?
« Bien sûr, car il n’y a pas ou peu d’esprit critique dans les médias. On l’a vu en Libye avec la propagande de l’Otan, ou en Syrie avec celle de la France et des États-Unis. On n’écoute jamais ou très peu les populations des pays concernés. On veut proposer un autre regard sur les conflits Nord-Sud, donc dépasser les clichés simplistes qu’on nous fait avaler : "nous sommes les gentils, eux sont des sauvages, on leur apporte la démocratie à coup de bombes et de coups d’État."
Aujourd’hui, il y a un mouvement d’émancipation et de libération de ces pays. »
Que cachent ces clichés ?
« Derrière tout ça, il y a la bataille des matières premières. Et plus ces dernières deviennent rares, plus la bataille sera féroce. Anatole France disait : "On croit mourir pour la patrie, alors qu’on meurt pour des industriels." La guerre de 14-18 était une guerre de partage du monde, ou encore pour le contrôle des colonies d’Afrique. »
Ce sont des réflexions qu’on ne retrouve pas dans les médias ?
« Non. Mais pour être journaliste, je sais qu’ils n’ont pas le temps de faire. Il faut travailler vite, produire. L’investigation n’est pas rentable. Coluche disait : "On ne peut pas dire la vérité à la télévision, car il y a trop de monde qui regarde." On essaie de faire plus. Pour ces entretiens dans les pays arabes, on a ainsi eu l’aide des membres bénévoles de notre équipe du site ( http ://www.michelcollon.info/), des gens qui veulent comme nous approfondir les choses. L’information est tellement importante qu’on ne peut pas la laisser aux mains des intérêts du marché. »
Républicain Lorrain du 25 Novembre 2011 – Sébastien Bonetti.