Une étude qui vient d’être publiée par le Pew Forum on Religion and Public Life indique que près de la moitié des américains ont changés d’affiliation religieuse depuis leur naissance.
Plus d’un quart des adultes américains (28%) ont abandonné la foi dans laquelle ils ont été élevé en faveur d’une autre religion - ou pour abandonner toute religion. Si ce changement d’affiliation est étendu aux changements d’un type de protestantisme à un autre, 44% des adultes ont soit changé d’affiliation religieuse, soit se sont affiliés à une foi particulière alors qu’ils venaient d’un milieu non-affilié, soit abandonné toute forme de lien avec une quelconque tradition religieuse.
L’étude révèle aussi que si le nombre de non affiliés double entre la naissance et l’âge adulte, ce chiffre reste à 16%, parmi lesquels seuls 1,6% se déclarent athées et 2,4% agnostiques. Les autres déclarent une vie spirituelle “non affiliée”.
Il est aussi important de se rendre compte que la part des religions chrétiennes dépasse les 78%, et que les religions non judéo-chrétiennes ne représentent que 3% des affiliations.
Il n’est donc pas étonnant qu’avec 96% de la population qui se déclare “croyants”, et 80% de pratiquants, les débats sur les valeurs - comme entre autre ceux qui entourent l’élection présidentielle - soient fortement influencés par les problématiques religieuses.
Mais ce qui demande réflexion dans cette étude, c’est ce “saute-mouton” qui a l’air assez caractéristique de la population américaine. Si nous regardons autour de nous en Europe occidentale, les phénomènes de “conversion” d’une religion à l’autre sont relativement faibles. Comment pourrait-on expliquer cela? Celui qui ne pratique pas se trouve moins confronté aux réflexions fondamentales de sa religion (si il en a une). Il construit un “équilibre de croyances personnelles” qu’il étiquettera selon son bon vouloir (catholique, protestant, musulman, juif, boudhiste,…). Il pourra adapter son équilibre des croyances sans devoir pour autant adapter l’étiquette, puisque personne n’est là pour le rappeler à l’ordre.
De plus, la répartition entre les grandes familles religieuses présente un caractère beaucoup plus équilibré chez nous, avec une présence musulmane beaucoup plus forte qu’aux Etats-Unis. La diversité à l’intérieur de la famille chrétienne est par contre plus faible (on se dit chrétien ou protestant, sans descendre beaucoup plus loin dans le détail).
Dans quelle mesure une telle étude nous apprend-t-elle quelque chose sur nous mêmes et sur nos amis d’outre Atlantique ?
Sans doute qu’il faudra noter que les américains font délibérément un lien plus radical entre leur vie quotidienne et leur vie religieuse. Le mécanisme d’affiliation à une église est un mécanisme volontaire, répété, public. Il dit la volonté de l’individu de se faire soutenir dans ses choix par un groupe solidaire plus large.
Il faut aussi se questionner sur la pertinence de cette réflexion elle-même. En effet, l’étude citée montre également qu’une des raisons principales de changement d’affiliation religieuse est le déménagement et l’impossibilité de retrouver la même église proche de son lieu de vie. Un peu comme si, après un déménagement, j’abandonnais Carrefour comme centre commercial de référence pour adopter Delhaize, au prétexte que ce dernier est beaucoup plus proche de mon domicile que le premier.
Si ces chiffres vous inspirent à vous aussi l’une ou l’autre réflexion, n’hésitez pas à la partager ici…