Choisie comme telle il y a plus de dix ans, le 25 novembre est la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes. Après de longues semaines passées à entendre parler de l’affaire DSK, j’ai eu envie de vous parler d’un thème que l’on aborde que très rarement en société: le viol.
Car le viol est l’affaire de tous.
C’est au travers du livre « Le viol, un crime presque ordinaire » publié par Cherche Midi que la réalité du viol m’est apparue. En effet, si l’on se dit que cela n’arrive qu’aux autres, le viol touche beaucoup plus de personnes, hommes et femmes confondus, qu’on ne le pense. Les chercheurs, pouvoirs publics et associations ont beaucoup de difficulté à établir des chiffres viables à cause du silence des victimes.
Lorsque l’on est victime d’un cambriolage, on appelle tout de suite la Police, on porte plainte mais lorsque l’on est victime d’un viol, c’est plus complexe. Plus qu’un simple objet, l’acte sexuel est ici plus intime. A cette intrusion qui amène souvent aux abusés un sentiment de honte s’ajoute souvent la peur de représailles. Oui, de nombreuses victimes n’ont pas été violées qu’une seule fois, la plupart d’entre elles sont violentées régulièrement et souvent par un proche…
Dans le livre « Le viol, un crime presque ordinaire », les auteures Audrey Guiller et Nolwenn Weiler dressent un portrait du viol au travers de témoignages de victimes, d’interviews de juristes, policiers, soignants et d’analysées de criminologues et sociologues. L’ouvrage met l’accent sur le fait que le viol n’arrive pas qu’aux autres et sur le silence derrière lequel se murent des personnes abusées qui ne savent pas à qui et comment parler de coup de poignard.
Bien souvent, la victime fait en effet face à un entourage qui « se bouche les oreilles », lâche et préférant même parfois l’ignorance. Ceci résulte du fait qu’à l’heure d’aujourd’hui, on ne sait pas encore vraiment comment accompagner les proies au viol. Parfois, un psychologue n’aide pas et nous fait culpabiliser « nous allons examiner dans votre passé ce qui aurait pu conduire à vous faire violer ». Mais la nuance est là bien justement: on ne se fait pas violer, on est violée! Une fois de plus, la société semble dicter à la victime « c’est de ta faute, tu as du faire quelque chose qui l’a poussé à te violer ». C’est une honte que de laisser croire ça!
L’État a donc son rôle à jouer dans la prise en charge des victimes. Pourquoi n’existe-t-il pas, comme aux Etats-Unis des « Rape Crisis Centers » ouverts 24/24h où les personnes violées pourraient être systématiquement soignées et accompagnées médicalement, psychologiquement, socialement et juridiquement?
Et du côté des violeurs, y a-t-il un suivi? Peut-on les soigner? La castration chimique et les inhibiteurs de libido ne sont rien face aux facteurs difficilement identifiables du passage à l’acte. Les thérapies ne semblent pas suffisantes pour des agresseurs qui ne comprennent toujours pas que le viol est un crime – ou ont trop honte de l’avouer. Un témoignage du livre m’a particulièrement marqué dans ce chapitre sur les violeurs: « Ça a duré cinq minutes, je ne vois pas pourquoi vous en faites toute une histoire! » C’est ce qu’il y a de plus révoltant lorsque l’on sait que la personne abusée mettra des années pour se reconstruire… si elle y arrive un jour.
A toutes les femmes qui ont subi un viol ou une tentative de viol, surtout, ne restez pas dans le silence et ne culpabilisez pas de ce qui vous a été infligé! Parlez à quelqu’un qui saura vous épauler ou n’hésitez pas à contacter la cellule Viols Femmes Informations au 0 800 05 95 95 (appel gratuit).
Le viol, un crime presque ordinaire, Audrey Guiller, Nolwenn Weiler
Cherche Midi, 2011
180 pages, 15€
Eloïse V.
© Getty, Eloïse V., Cherche Midi