Magazine Culture

Interview Buridane

Publié le 25 novembre 2011 par Bullesonore

Le corps, le silence, voilà d’où vient Buridane. Quinze ans de danse, c’est le temps qu’il aura fallu à cette jeune lyonnaise pour sortir de son mutisme, pour se faire violence et s’exprimer enfin de vive voix. Elle compose comme elle chorégraphie, écrit comme elle pense et chante comme elle peut : par nécessité. Elle imagine un univers qui lui ressemble. Des mots ciselés et incisifs, des notes aux couleurs sourdes. Un air de petite chose fragile ? Ne vous fiez pas aux apparences, Buridane est plus rugueuse, et parle du rapport à la mère, à l’amour, à la mort de son rapport au père, au pire, au départ…

Rapidement repérée, elle bénéficie du soutien du Chantier des Francos en 2009 et repart avec le Prix Adami Première Franco. Coup de cœur du Festival Paroles et Musiques, Découverte Alors Chante à Montauban, elle participe également aux Présélections du Printemps de Bourges. Lauréate du FAIR 2011, elle travaille actuellement sur son premier album.

Nous sommes partis à la rencontre de cette jolie blonde pas comme les autres :

J’adore commencer par les questions banales, alors je vais me lancer : Que veut dire Buridane ?

(rires) Buridane vient d’une fable philosophique écrite par un philosophe qui s’appelle Jean Buridan. Dans cette fable sur la question du choix, on retrouve un âne qui traverse le désert, qui avait très faim et très soif, et il se retrouva à choisir entre un seau d’avoine et un seau d’eau. Et faute de choisir par quoi commencer, il meurt … Voilà pour la petite histoire (sourire).

Interview Buridane

Finalement, on te retrouve aussi avec un dilemme comme l’âne de Buridan. Sauf que tu as « osé » choisir entre quinze ans de danse et ton amour pour la musique …

Tu as très bien utilisé le mot « osé » parce que pour moi le fait de monter sur scène et de chanter était contre-nature. J’étais une ultra-timide et la danse était le moyen d’expression parfait parce que je n’avais pas à utiliser ma voix. Il y avait aussi ce côté intime qu’on pouvait offrir aux gens alors que la chanson était … très très difficile pour la fille que j’étais.

J’avais besoin de me faire cette violence là et ça était la meilleure manière de me donner un coup de pied aux fesses pour avancer (sourire) parce que j’ai manqué de courage pour m’engager vraiment dans le milieu professionnel de la danse (soupir).

C’est quand même deux milieux différents non ? Aujourd’hui, tu t’exprimes mieux en « chansons » ?

Figure-toi que j’ai toujours écrit ! Ecrire c’est quelque chose de très naturelle chez moi et ça fait partie de moi. Par contre, je dois me bagarrer un peu pour sortir de certaines thématiques…

Lesquelles ?

Le côté Fragile/Pas fragile, le combat personnel de la quête initiatique, … Je suis à une première étape qui traite de ces sujets-là de manière différente et je me force un peu à aller vers d’autres horizons.

Avec Pas Fragile, on retrouvait le portrait d’une jolie fille fragile mais pas dupe ! Ce n’est pas un peu nombriliste de ne parler que de soi ?

Tu sais, il y a une volonté de contrer l’apparence que je peux avoir, la petite blonde… Et c’est important pour moi d’exprimer des choses beaucoup plus épaisses, plus violentes.

Interview Buridane

Tu évoques souvent l’enfance (sans ce côté niais et mielleux) !

Je ne suis pas encore très vieille (rires) mais je suis un peu dans une espèce de transition et le passage à la femme est très compliquée chez moi (sourire), c’est un peu pour cela qu’on retrouve le thème de l’enfance très présent dans mon univers.

L’âne de Buridan était très solitaire, Buridane quant à elle a étoffé sa formation de plusieurs musiciens (Sylvain Ferley : Basse – David Granier : Batterie – Daniel Jea : Guitare électrique). A un moment, il a fallut évoluer ?

C’est exactement cela ! Si je restais seule, j’allais forcement atteindre mes limites artistiques et musicales. Du coup, si je n’avais pas ouvert mon univers à d’autres personnes, je serai aujourd’hui à tourner en rond. Tourner seule, ça était nécessaire pour moi, au moins pendant deux ans. J’avais besoin d’acquérir une certaine solidité, tenir la scène toute seule ce n’est pas facile du tout

Interview Buridane

Et ces joyeux musiciens ont du coup participé à l’élaboration de ton album qui va sortir bientôt ? Ce n’était pas donc « que » des éléments de décor …

On est en plein enregistrement et l’album devra sortir au printemps. On retrouvera certaines chansons qu’on a pu entendre sur les EP. Il y en aura évidement des nouvelles qui s’ouvrent, comme je te disais tout à l’heure, sur autre chose et qui marquent peut-être LA transition mais le tout reste assez cohérent. On a essayé de faire en sorte que le texte soit toujours aussi présent et important. La musique on l’a travaillé aussi pour qu’elle mette plus en valeur le texte. On ne tenait pas à avoir des arrangements discrets comme on retrouve beaucoup dans certains types de chansons françaises.

Primée aux chantiers des francos en 2009, lauréate du Fair 2011 et j’en passe les autres distinctions. Alors contente d’avoir pu choisir la musique ? 

ça me met en confiance et c’est des petites choses finalement qui me disent « Ben, ce que tu fais Marelle ne sert pas à rien !« . J’ai l’impression que ces gens-là me disent « Vas-y, continues ! » et mine de rien, je me sens un peu légitime. Et même si quand je vois un spectacle de danse ça me fait encore mal au ventre parce que je ressens des choses et je voulais être danseuse, donc c’est raté pour la danse (sourire), la musique m’a apporté tellement de choses.

Pour finir, je voudrai savoir, est-ce que dans la vraie vie, tu te livres autant comme dans tes chansons ?

(un peu gênée) … euh … (rires) Non ! Dans la vraie vie, j’ai énormément de barrière et la seule barrière qui me reste sur scène c’est … la scène elle-même. Du coup, à cet endroit-là, je peux dire presque tout sans vraiment prendre de risques. Je peux m’habiller comme je veux, sans risques. Il n’y a pas le même danger comme dans la vie.

Mes chansons, c’est un peu l’endroit où je me débarrasse des émotions les plus encombrantes … en les partageant (sourire)

Agenda

  • 26/11/2011- Salle des Rancy – Lyon (69)
  • 25/01/2012- le Saint des Seins – Toulouse (31)
  • 26/01/2012- le Jardin de Verre – Cholet (49)
  • 27/01/2012- les Ondines Changé (53)
  • 28/01/2012- l’Archipel – Granville (50)
  • 29/01/2012- l’Archipel –  Granville (50)
  • 10/02/2012- le Silex – Auxerre (89)
  • 06/03/2012- Karavan Théâtre – Chassieu (69)

Discographie

EP « Comme Avant »
BURIDANE-Comme-avant
Septembre 2010
Production: Caravelle
Edition: Sony ATV
EP « En Attendant »
buridane-en-attendant
Novembre 2009
Production: Caravelle
EP « Pas Fragile »
BURIDANE-pas-fragile
Octobre 2008
Production: Gourmets Recordingz

Premier album: mars 2012

Crédit Photo Logo : Fabienne Chemin
Crédit Photo Live : Jean-Charles Pasquer
Crédit Photo Live (le groupe) : Leo

Remerciements :  Marie-Laure Fourcade et Marie Hamenthienne de l’Asso Du Son Dans les Feuilles


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Bullesonore 3754 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines