Voilà pour la dernière raffarinade. Pour Raffarin, l'euro est "dans le coma" (JDD 24 nov. 2011). J’en ai découvert par ailleurs - dans un seul article ! - une vraie mine d’or que je me ferais une joie féroce de vous faire partager dès que je disposerais d’un peu plus de temps. L’actualité se bouscule au portillon.
Foi d’ex infirmière, j’ai toujours été hostile à l’acharnement thérapeutique pour les malades en stade terminal et tout autant opposée à l’euthanasie active. Surtout quand c’est un seul praticien qui prend cela sous son bonnet alors qu’en principe c’est toute l’équipe soignante - le staff - qui doit décider des questions importantes. A fortiori s’il s’agit d’une infirmière, à l’exemple de Christine Malèvre. Laisser la nature faire son œuvre, la seule chose qui compte - et fort heureusement, la France a rattrapé son immense retard en matière de traitement de la douleur - c’est le confort du malade en fin de vie, comateux ou non.
L’on a fait encore plus de progrès ces dernières années pour l’atténuation des très grandes douleurs en plaçant les malades sous coma artificiel. N’y plongeons surtout pas l’euro : souffrance maximum ! Il nous coûte déjà bien trop cher… A l’heure où un grand nombre de malades ne peuvent se soigner faute d’argent et où Nicolas Sarkozy n’a de cesse de proclamer que nous serions des profiteurs - des voleurs - au détriment de la Sécu et des régimes sociaux… Venant d’un prédateur de si haut vol l’on ne sait si l’on doit rire, pleurer ou gueuler.
Les hasards et accidents de la vie m’ont fait suivre pendant deux ans un stage très instructif en administration hospitalière où l’on nous répéta souventes fois que « si la santé n’a pas de prix, elle a un coût »… Mais la crevasse est absolument infranchissable entre la recherche de la nécessaire rationalisation budgétaire - éviter la gabegie - et les dérives actuelles de l’ultralibéralisme en matière de santé publique.
Sujet bien trop vaste pour être abordé dans ces lignes. Mais j’y reviendrais, ne serait que pour avoir entendu tout à l’heure sur France Info le Pr. Aubart exprimer sa colère au sujet du nombre astronomique d’heures sup’ non récupérées ni indemnisées des praticiens hospitaliers. Il se trouve que j’ai fait quatre courts séjours à l’hôpital d’Eaubonne dans son service de chirurgie osseuse à l’occasion de mes fractures à répétition et que j’ai beaucoup d’admiration pour ce chef de service non seulement très compétent et rigoureux mais également sur le pont dès 8 h du matin pour la visite et encore présent dans le service à 18 h… je le rencontrai fréquemment dans les couloirs en remontant de la cafétéria où je prenais un café et achetai des journaux avant l’heure du dîner, dès que j’étais débarrassée des perfs et un peu moins château branlant.
Or donc, Jean-Pierre Raffarin - le "Monsieur Chine de Sarko" : beurre ou vaseline ? - a déclaré sur LCI que l’euro « est dans le coma » et a besoin « d’un traitement de choc »… Nous serions « condamnés au réveil de l’euro »… tout comme la « règle dort » : ne le réveillons surtout pas !
La seule chose pour laquelle il ne se trompe pas : « la crise est extrêmement grave » - encore que je ne pense pas qu’il en ait saisi toute l’ampleur. Certains signes avant-coureurs préludent - dont les faillites de plusieurs brokers américains mais personne n’en parle - d’un tsunami qui pourrait être encore plus dévastateur sur la Planète finances mondiale et non pas seulement européenne que le krach de septembre 2008. Même la Chine est entrée en crise et signe qui ne trompe pas, comme en 2008-2009 certains patrons de PME importantes se font la malle ! La dépression qui s’annonce risque de lui être fatale, déjà confrontée à une bulle immobilière et à une forte inflation, sans véritables débouchés internes pour sa surproduction, si les exportations se tarissent du fait des politiques d’austérité drastiques tous azimuts.
Antienne sarkoïdale, le traitement de choc passerait par l’action de la Banque centrale européenne. Outre le fait qu’Angela Merkel n’en veut absolument pas et que de surcroît Sarkozy délire tout à fait en pensant que la BCE disposerait des moyens suffisants pour intervenir lors même que tous articles que j’ai dépouillés sur le sujet démontrent à l’envi qu’elle ne dispose pas d’assez de capitaux pour faire face à une crise de la dette touchant un nombre croissant d’Etats-membres de la zone euro : après l’Italie (et sans même parler de la France, sans doute le prochain domino) c’est au tour de la Belgique, de l’Autriche et de la Hongrie (hi ! h!) d’être touchées : « tous n’en mourraient pas, mais tous étaient atteints »… La preuve ? Même l'Allemagne ne trouve plus preneur pour un récent emprunt. C'est dire la crise de confiance laquelle est essentielle dans ce domaine.
Une raffarinade de première bourre : nous serions « à peu près le seul continent où la banque centrale n'est pas directement impliquée dans la défense de la monnaie »… Je peux bien entendu me tromper mais il me semble que nous chercherions bien en vain un seul « continent » qui ait fait l’insigne connerie de lier son sort à une banque centrale supra-étatique !
Je ne peux m’empêcher de me gausser - gentiment - depuis quelques mois de quelques amis pro-européens qui il y a encore quelques temps affirmaient que l’euro nous protégeait maintenant de la spéculation sur les monnaies et des aléas monétaires.
Savoir de surcroît l'Europe - la BCE avec Mario Draghi, la Grèce avec Lucas Papadémos et l'Italie de Mario Monti et quelques autres comparses - sous la coupe des Goldman Sachs' boys (la banque faite pieuvre !) me la fait encore moins respecter. Dans le dernier Marianne Guy Konopnicki parle de « l’agence » ce qui est bien vu. Mais j'irais même plus loin : i'utiliserais bien plutôt le terme de « LA firme », rêve achevé - groupe de Bidelberg et Tricontinentale - de la globalisation ultralibérale d'un conglomérat contrôlant l'économie réelle et financière d'un bout à l'autre de la planète.
Mais réjouissons nous : l'Histoire nous apprenant que tous les empires se sont effondrés car trop vastes pour être contrôlés, ce stade ultime du capitalisme débridé pourrait bien être leur "champ du cygne", sinon du "signe"... Un passage de « l'Apocalypse » m'a toujours intriguée : « de façon que personne ne pût acheter ou vendre sans être marqué du chiffre de le Bête ou du chiffre de son nom » (13-17). Sachant celui-ci être 666, je me suis livrée à une petite enquête numérologique et trouvé : FOX ! dont précisément l'empire a été mis à mal par des scandales... D'autres passages sont non moins intéressants et encore, fais-je l'impasse sur bon nombre : « les trafiquants de la terre se lamentent sur elle, parce que personne n'achète plus leur cargaison (17-11) ou encore « parce que tes marchands étaient les maîtres du monde et que tes maléfices sont séduit toutes les nations » (18-23). Voilà bien de quoi apporter beaucoup d'eau au moulin de Pierre Jovanovic et son Apocalyspe financière.
L’euro finira certainement sa courte mais Ô ! combien pernicieuse vie dans le cimetière des monnaies uniques. De profundis. Bien plutôt qu’un Requiem pour une monnaie défunte j’entonnerais un te Deum et « champagne pour tout le monde » !