Dans l’histoire de l’antiquité on retient que la Macédoine est le pays natal d’Alexandre le Grand et c’est à peu près tout. L’exposition qui se déroule actuellement au Louvre nous démontre que ce pays joua un rôle de tout premier plan et que sa richesse artistique n’a rien à envier à celle de la Grèce. Avec près de cinq cents objets, pour la plupart jamais présentés en France, nous revivons l’histoire de la Macédoine antique depuis le XVe siècle avant notre ère jusqu’à l'époque romaine impériale. Il a fallu attendre 1977 et la mise au jour à Vergina de plusieurs sépultures royales, parmi lesquelles celle, intacte, de Philippe II, père d’Alexandre le Grand, pour l’on prenne conscience du potentiel archéologique exceptionnel de la Macédoine. Ces fouilles ont révélé le faste d’une classe de notables et d’une élite proche des rois, ainsi que l’élaboration d’un art de cour particulièrement raffiné. Elles ont confirmé l’intensité des échanges commerciaux entre la Macédoine et les autres régions du monde grec.
Dès le début de l’exposition nous sommes accueillis par une pièce exceptionnelle, une couronne de feuilles et de glands en or qui provient de la tombe d’Herakmes fils d’Alexandre, assassiné par le roi de Macédoine, Cassandre. Un peu plus loin c’est le rôle du service archéologique de l’armée d’Orient qui est mis en valeur. En effet, lors de la première guerre mondiale, les Français et les Anglais décidèrent d’attaquer l’empire Turc qui était allié à l’Allemagne, un corps expéditionnaire fut donc envoyé en Macédoine. Le général Français Maurice Sarrail, découvrant les richesses archéologiques du pays, prit l’initiative de créer le service archéologique de l’armée d’Orient avec des archéologues et des membres de l’école française d’Athènes qui faisaient partie de l’armée. Une grande vitrine expose les découvertes de ce service.
Le roi Philippe II (382-336 av. J.-C) hérite d’un royaume fragilisé, en peu de temps il sécurise les frontières, restaure l’armée et crée la phalange une unité de combat qui lui assure la suprématie sur ses voisins. Après plusieurs victoires toute la Grèce, sauf Sparte, reconnaît sa suprématie. L’une des salles est une reconstitution en trompe l’œil du palais d’Aigai, considéré comme le palais de Philippe II, il disposait d’une cour où 3.500 personnes pouvaient tenir assises, c’était le lieu où le roi rencontrait son peuple.
C’est bien sûr son fils Alexandre Grand (356-323 av. J.-C.) qui entre dans l’histoire. A la tête de la solide armée crée par son père il se lance dans la conquête de l’immense empire Perse tout entier. Après un périple de 25.000 kilomètres il atteint même le nord de l’Inde mais doit rebrousser chemin devant la lassitude des soldats. L’exposition nous apprend qu’il s’était entouré de savants chargés de consigner les coutumes des peuples, la faune et la flore des pays traversés. Des arpenteurs, chargés de mesurer la distance parcourue, faisaient aussi partie de l’expédition. En lisant cela je me dis que Bonaparte n’a rien inventé lors de l’expédition d’Egypte. Alexandre meurt en 323 av. J.-C. sans désigner clairement son successeur. Le vide créé par sa mort conduit à la désagrégation de son empire. Dès son vivant, Alexandre devient une sorte de personnage légendaire, ce qui s’explique par son charisme. Un culte lui est rendu en Thessalonique à l’époque romaine. Les conquêtes d’Alexandre et les richesses qui en résultent transforment la société macédonienne. Les femmes ne sont plus cloîtrées au gynécée et peuvent paraître en public. Mais elles gardent un rôle domestique notamment l’éducation des enfants, les garçons jusqu’à 7 ans ce qui est illustré par une vitrine avec des objets domestiques : bassins, patères, louches, coupes… Un peu plus loin on découvre « L’incantada » ou les enchantées, une colonnade antique décorée de piliers sculptés dont une partie subsistait dans le quartier juif de Thessalonique. Une légende raconte qu’il s’agit du roi de Thessalonique, son épouse et ses suivantes, pétrifiées par un sortilège.
La Macédoine est ensuite conquise par les Romains et devient une province romaine, dont la capitale est Thessalonique. Dans la salle de la statuaire de l’époque romaine on remarque une statue du dieu Harpocrate, translitération de l’égyptien HOR PA KHERED = « Horus enfant ». Le dieu porte le doigt à la bouche pour imposer le silence pendant les cultes.
Au royaume d'Alexandre le Grand - Macédoine antique jusqu’au 16 janvier 2012 - Hall Napoléon