Les clubs avaient jusqu'au 15 novembre pour effectuer des transferts. Qui dit transfert, dit agent sportif. Glacenews s'est donc penché sur ce métier de l'ombre, méconnu du grand public, en compagnie de Stéphane Baills, dirigeant de l'agence sportive Metanovas. Aujourd'hui, le premier volet de ce reportage est consacré aux conditions de travail d'agent sportif.
Guillemette Flamein : quel est le rôle d'un agent sportif ?
Stéphane Baills : il y a mille et une façons d'exercer ce métier. Sa définition est la suivante : il s'agit de mettre en rapport un club et un sportif (joueur, entraîneur) pour qu'ils signent ensemble un contrat. Le plus gros de mon travail est de prendre contact avec les clubs pour leur proposer tel ou tel sportif.
G. F. : comment contactez-vous les sportifs avec qui vous souhaitez travailler ?
S. B. : Je vais dans les patinoires. Je vais aux matches voir jouer les joueurs. S'ils sont majeurs, je les rencontre directement et leur explique ce que je peux leur apporter d'un point de vue administratif, en termes de coaching et de médiation. Concernant les mineurs, je m'adresse à leurs entraîneurs et à leurs parents.
G. F. : quel accueil recevez-vous de la part des sportifs ?
S. B. : je reçois un bon accueil. Il y a plutôt un intérêt de leur part. Certains comprennent très vite mon rôle. L'agent et le joueur doivent être tous les deux à 100% pour que le travail paye.
G. F. : comment travaillez-vous ?
S. B. : je suis basé à Grenoble. Tous les clubs de ligue Magnus y jouent. Je rencontre à cette occasion-là les sportifs avec qui je travaille. Mais je travaille aussi avec des clubs de division 1 tels Brest, Anglet, Bordeaux, Lyon, Reims. Ce n'est pas évident de se déplacer, ça coûte cher. Alors, c'est le téléphone, les tchats, les réseaux sociaux pour savoir comment ça se passe, comment les choses avancent pour chacun d'entre eux. Certains me donnent d'eux-mêmes des nouvelles régulières et développent ainsi les échanges. Pour d'autres, il faut aller vers eux. Tout est une question de caractère...
G. F. : comment choisissez-vous un sportif que vous souhaitez recruter dans votre agence ?
S. B. : je regarde son profil sportif, c'est-à-dire sa capacité à devenir un sportif de haut niveau. Je prends en considération son profil humain, à savoir sa personnalité. Ensuite intervient également mon feeling personnel.
G. F. : c'est un métier où les relations humaines sont primordiales...
S. B. : j'ai été joueur de hockey sur glace, j'ai un vécu de sportif et donc, une sensibilité proche de la leur. Je sais ce qu'ils ressentent. Les relations humaines sont essentielles.
G. F. : comment faire comprendre aux sportifs ce qui est possible entre la réalité du marché et leurs aspirations ?
S. B. : ce que je souhaite, c'est qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes, même s'ils n'iront pas en équipe de France. Il y a des jeunes qui pensent que ça va arriver vite car ils ne connaissent pas la concurrence, qu'ils découvrent une fois en équipe senior. J'ai ouvert les yeux à certains d'entre eux, en effet. Le travail du sportif est de se servir des structures organisées et des aides qu'il peut recevoir pour se prendre en main. A lui après de bosser avec son coach.
G. F. : comment vit un agent sportif en hockey sur glace en France, comparé à ceux oeuvrant dans les milieux du football ou du basket-ball ?
S. B. : aujourd'hui, je ne suis pas capable d'en vivre. Je travaille en parallèle, j'ai deux métiers en fait. Pour pouvoir en vivre, il faudrait avoir dans l'agence une centaine de sportifs, ce qui serait ingérable au plan humain. Aujourd'hui, j'en retire un petit revenu qui me permet de fonctionner. La première étape a été d'obtenir la licence. La prochaine est d'en retirer un petit temps partiel. C'est une étape envisageable.
Deuxième volet consacré au métier d'agent sportif dans les "Echos du palet", jeudi 1er décembre.
Photo : Henri-Corentin Buysse, gardien de Morzine-Avoriaz, fait partie de l'agence Metanovas © Christophe Delaville
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