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Vols annulés, métro arrêté, administrations fermées: le Portugal tournait au ralenti jeudi en raison d'une grève générale contre les mesures d'austérité que le gouvernement s'est engagé à mettre en oeuvre en contrepartie d'une assistance financière.
«C'est un carton rouge adressé au gouvernement pour son action qui conduit à l'appauvrissement», a déclaré Manuel Carvalho da Silva, secrétaire général de la CGTP.
Cette grève générale, la septième depuis le retour de la démocratie au Portugal en 1974, a été convoquée par les deux principales centrales syndicales CGTP et UGT et une trentaine de manifestations étaient également prévues dans tout le pays.
D'après les chiffres du gouvernement, sur les 355 305 fonctionnaires gouvernementaux, 12 800 ont participé à la grève, soit 3,6%. En revanche, pour la CGTP, le taux d'adhésion est plus important que celui de la dernière grève générale il y a tout juste un an, qui avait mobilisé plus de trois millions de personnes.
Depuis mercredi soir, les principaux aéroports du pays étaient pratiquement paralysés, la quasi-totalité des vols aux départs et à l'arrivée ayant été annulés, selon le site de l'ANA (Aéroports du Portugal).
À Lisbonne, des incidents ont été enregistrés dans la matinée. Des inconnus ont attaqué deux bureaux de collecte d'impôt à coup de cocktails Molotov sans faire de victimes ni de dégâts importants, a-t-on appris auprès de la police.
Le métro de la capitale ne circulait pas et le service des navettes fluviales était totalement interrompu. La circulation des autobus et des trains était également très perturbée, entraînant des embouteillages monstres aux premières heures de la journée.
Dans l'ensemble du pays de nombreuses écoles étaient fermées de même que les ports et les bureaux de poste tandis que certains hôpitaux n'assuraient que les urgences. La plupart des services de voirie n'étaient pas assurés.
Le gouvernement portugais s'est engagé dans une cure de rigueur sans précédent pour assainir ses finances et relancer son économie en échange d'une assistance financière de 78 milliards d'euros (109 milliards de dollars) accordée par l'Union européenne et le Fonds monétaire international.
«Je suis d'accord avec la grève. Nous devons faire des efforts pour rembourser les dettes du pays, mais cette austérité est trop brutale», a confié à l'AFP Patricia Conceiçao, une jeune comptable fumant une cigarette devant son entreprise.
«Les gens ont raison de faire grève. Les hausses d'impôts sont une folie!», renchérissait Manuel Rodrigues, devant son kiosque à journaux dans le centre de Lisbonne.
Résigné, Luis Salavisa, 53 ans, responsable informatique dans la fonction publique, pense quant à lui que «compte tenu de la situation du pays, ce n'est pas le moment» de faire grève.
Outre des augmentations de la TVA et des hausses des prix des transports, l'austérité touchera principalement les fonctionnaires dont les salaires ont été gelés et qui, l'année prochaine, perdront deux de leurs 14 mois de salaire. Dans le privé, la journée de travail pourra être augmentée d'une demi-heure.
«Nous respectons scrupuleusement le droit de grève, mais la situation dans laquelle se trouve le Portugal ne pourra être surmontée que par la voie de la rigueur et de l'exigence. Tous les sacrifices demandés aux Portugais en vaudront la peine», a assuré Miguel Relvas, ministre porte-parole du gouvernement.
Selon des estimations officielles, la rigueur devrait entraîner l'année prochaine une contraction de 3% de l'économie et un chômage record de 13,4%.
Ces faibles perspectives de croissance ont amené l'agence d'évaluation financière Fitch Ratings à abaisser jeudi d'un cran la note du Portugal, qui passe de «BBB-» à «BB+», avec perspective négative, le reléguant ainsi dans la catégorie des émetteurs à risque.
Source : Cyberpresse
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