La journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, est l’occasion de rappeler que ce combat est toujours d’actualité. L’Ouganda illustre cet enjeu mondial de grande ampleur qui affecte directement les femmes mais également leurs familles.
« Le conflit armé qui a ravagé le nord de l’Ouganda pendant deux décennies a fait comme premières victimes les femmes. Des milliers ont subi des violences : enlèvements, viols, esclavage notamment sexuel, mariages et grossesses forcés... Aujourd’hui, nombreuses sont celles qui se retrouvent chefs de famille, à devoir prendre en charge complètement leur foyer. C’est une double peine qui leur est infligée » explique Youcef Hammache, Responsable géographique pour Action contre la Faim.
Des vulnérabilités cumulées
Depuis 2006, le nord de l’Ouganda est relativement stable. Après avoir vécu pendant les années dans des camps de déplacés, la majorité des communautés est retournée dans leurs villages d’origine. Les populations doivent tout reconstruire (maisons, troupeaux, stocks de semences, etc.). Les connaissances agricoles et pastorales ont été perdues ou nécessitent d’être améliorées.
Or, en Ouganda les femmes produisent 80% des cultures vivrières et représentent 70% de la main d’œuvre agricole. Pourtant elles ont peu accès à la propriété et à l’éducation, ont des risques de santé plus élevés, une faible protection sociale et souvent une connaissance limitée de leurs droits fondamentaux.
Les inégalités économiques entre hommes et femmes sont également flagrantes à tous les niveaux d’utilisation des ressources familiales. L’inégalité d’accès et de contrôle de ces ressources ne réduit pas seulement l’indépendance économique des femmes mais également leur capacité d’action et de prise de décision, et accroît ainsi leur vulnérabilité à la violence.
Renforcer la place des femmes
Depuis 2009, Action contre la Faim mène un programme de protection et d’accompagnement des femmes dans les sous-régions de Lango et Acholi, au nord de l’Ouganda. Il s’agit d’épauler ces femmes dans leurs projets :
- agricoles, via des techniques agricoles, des distributions de bétail, etc. ;
- ou économiques que ce soit la création de boutiques, d’ateliers de couture, etc.
Pour cela, les équipes d’Action contre la Faim les accompagnent sur plusieurs années et mettent en place :
- des formations et du renforcement de compétences : comptabilité, gestion, montage de projet, droit des citoyens, etc. ;
- des transferts d’argent : plus de 13 000 femmes recevront chacune 170 dollars US pour leur projet entre 2011 et 2014. Ainsi, elles peuvent prendre leurs propres décisions en matière d’investissement pour leurs moyens de subsistance.
L’objectif est de réduire les violences faites aux femmes en augmentant leurs capacités économiques et de subsistances et en sensibilisant leurs communautés. De plus, cela participe du développement économique d’une région particulièrement affectée par la guerre.
« Réduire la faim au XXIè siècle implique que les femmes soient au cœur des programmes, en Ouganda comme dans le reste du monde. Action contre la Faim est fermement convaincue de la nécessité d’adopter et de promouvoir une démarche fondée sur les différences entre les hommes et les femmes. Il s’agit d’une condition sine qua non destinée à permettre aux populations en danger de s’en sortir », précise Benoit Miribel, président d’Action contre la Faim.
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