Quatrième de couverture :
Joseph Vaughan, écrivain à succès, tient en joue un tueur en série, dans l’ombre duquel il vit depuis bientôt trente ans. Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps horriblement mutilé d’une fillette assassinée. La première victime d’une longue série qui laissera longtemps la police impuissante. Des années plus tard, lorsque l’affaire semble enfin élucidée, Joseph décide de changer de vie et de s’installer à New York pour oublier les séquelles de cette histoire qui l’a touché de trop près. Lorsqu’il comprend que le tueur est toujours à l’œuvre, il n’a d’autre solution pour échapper à ses démons, alors que les cadavres d’enfants se multiplient, que de reprendre une enquête qui le hante afin de démasquer le vrai coupable, dont l’identité ne sera révélée que dans les toutes dernières pages.
Plus encore qu’un roman de serial killer à la mécanique parfaite et au suspense constant, Seul le silence marque une date dans l’histoire du thriller. Avec ce récit crépusculaire à la noirceur absolue, sans concession aucune, R. J.Ellory évoque autant William Styron que Norman Mailer par la puissance de son écriture et la complexité des émotions qu’il met en jeu.
Mon avis :
Un livre sombre, triste et tellement fort. Ce roman, présenté comme étant un thriller, est davantage un récit dramatique. Malheureusement, beaucoup pourraient être déçus à cause de cela. Pour ma part, j'ai juste adoré cette lecture. On m'en avait parlé comme un excellent livre et effectivement c'est le cas.
Nous suivons Joseph Vaughan, jeune garçon de douze ans au début de l'histoire. Il vit dans une petite ville, presque un village : Augusta Falls. Une première expérience de la mort le surprend, puis c'est l'enchaînement avec le meurtre de petites filles ; qui ont presque son âge ; selon un rituel plutôt macabre, digne d'un tueur en série diabolique. Joseph va être choqué par ces meurtres. Mais contrairement aux autres personnes qui les ont "vécu", Joseph va être fasciné et hanté très longtemps par ces cadavres. Ponctuée de malheurs, j'ai eu beaucoup d'empathie pour ce jeune homme qui, à dix-neuf ans, semble déjà avoir tout vécu. De ces douze ans à ses quarante ans environ, on suit sa vie, sa personnalité, sa culpabilité aussi. Tout cela donne le récit d'une existence avec, en toile de fond, les meurtres de fillettes, tels des fantômes qu'il ne cessera de le traumatiser. La seule façon de se libérer de ces entraves semble être la recherche du meurtrier.
Mais ce tueur en série reste très vague. On ne suit pas vraiment d'enquête policière. On suit uniquement Joseph, notre narrateur. Au début de ma lecture, je pensais qu'il s'agissait d'un thriller psychologique. Finalement, j'ai plutôt eu l'impression de lire un drame contemporain. Cela n'enlève rien à l'appréciation que j'ai de ce magnifique livre.
L'histoire des meurtres en tant que telle est assez banale. Elle n'existerait pas pour Joseph si sa vie n'avait pas été emplie de malheurs à côté. Ce qui la fait prendre tant d'ampleur, c'est justement ce que le jeune homme en pense, ce qu'il ressent. Personnage très sensible, portant sans cesse le fardeau de la culpabilité sur ses épaules, je l'ai trouvé très abouti. Attachant sous certains aspects, il fait surtout ressentir de la compassion à son lecteur ; parfois même les larmes aux yeux.
Le point fort de ce livre ? Sans hésiter un style d'écriture excellent. Notamment dans les descriptions qui, contrairement à ce qu'on pourrait croire, donne un rythme incroyable au récit. Des phrases très courtes, parfois un seul mot, alternent avec des phrases plus longues. Les paysages sont très souvent personnifiés, j'entends par là décrit à la manière d'un humain : C'était mon New York,le coeur des Amériques, ses rues et ses boulevards commes des veines, ses avenues comme des synapses électriques claquant, canalisant, s'étirant [...] (p. 374). Cette citation illustre le type de description du roman. Elles peuvent être longues mais ne ralentissent que très rarement le rythme du livre.
Une lecture superbe, une ambiance sombre, des personnages forts, une écriture totalement maîtrisée. Je recommande.