Il Carpaccio par Patrick Faus.#
C’est bien de donner du temps au temps. Ça évite les sempiternels clichés des « je connais déjà », « c’est pas mal », « la meilleure table du moment » jusqu’à après demain où il faudra en trouver une autre pour faire tourner la machine à nouveautés. Ça permet aussi au chef de s’installer dans ses fourneaux, de voir ce qui va et ce qui ne marche pas, les commandes qui reviennent de la salle donc les humeurs et envies des clients et de se recadrer par rapport à toutes ces variations sur le thème d’un restaurant italien haut de gamme d’un palace parisien. C’est fragile un chef, ça angoisse sur les plats et les commandes surtout au début, ça a envie de plaire, et tous les trois mois, ça recommence avec la nouvelle carte. Donc, su se calme ! Après il va mieux, il sait, il commence à comprendre donc il travaille mieux, sort des plats nickels ou alors ne les sortira jamais, et tout le monde en profite. Alors, laissons passer la vague et prenons la houle de fond. Pour Il Carpaccio c’est bon, on peut y aller. Le chef, Roberto Rispoli, est déchaîné et cherche à en découdre avec la capitale voulant démontrer qu’avant lui, l’Italie en France était représentée par une bande de margoulins peu au fait des subtilités gastronomiques transalpines. Il connaît la France simplement pour avoir travaillé avec Alain Ducasse à l’Andana, en Italie. C’est peu, mais ça donne une certaine exigence du travail bien fait. D’autant qu’il reste chapoté par Laurent André, big boss des cuisines du Royal Monceau, qui a un œil sur le moindre radis qui passe.
Une cuisine entre rusticité et sophistication, des classiques et des créations, de l’Italie à chaque coin de plats et du goût comme rarement. Un superbe panorama des saveurs italiennes. Carte des vins ébouriffante sur les vins italiens où le Français normalement constitué n’en comprend que le tiers, mais arrive Manuel Peyrondet, sommelier passionné du vignoble italien qui propose des bouteilles souvent décalées dans les appellations parmi ses 300 références italiennes, mais aussi françaises et du monde. Palace oblige.
Questions à Roberto Rispoli
Parmi toutes les cuisines régionales italiennes, quel est votre style à Il Carpaccio ?
Je fais une cuisine assez classique avec quelques touches plus modernes mais sans excès. Je suis de Naples, mais je ne fais pas exclusivement la cuisine du sud de l’Italie. Je veux qu’au Carpaccio on mange tout et l’on ne laisse rien dans l’assiette. Les Français viennent souvent pour les pâtes donc j’en fais beaucoup et de toutes les sortes.
Après un an, avez-vous déjà un ou plusieurs plats emblématiques ?
Les raviolis à la tomate, ricotta, sauge et scamorza, avec une pâte faite sans œufs, tomates mi cuites au vinaigre, fromage fumé. C’est une de mes créations car j’aime cuisiner pour le plaisir, avec le ventre et pas avec les yeux et la tête.
Les trois dates essentielles de votre carrière ?
L’entrée dans le groupe Ducasse en 2007. Arrivée au Royal Monceau en 2010. Le jour où j’ai choisi de faire ce métier.
L’étoile Michelin est attendue, voulue, indispensable ?
Pour l’instant, je le dis sans prétention mais je veux faire de Il Carpaccio le meilleur restaurant italien de Paris. Paris est tout neuf pour moi donc j’attends tranquillement mais bien sûr que ce serait bien.
Il Carpaccio
Hôtel Royal Monceau
37, avenue Hoche
75008 Paris
Tél : 01 42 99 88 00
www.leroyalmonceau.com
Fermé dimanche & lundi
M° Etoile – Charles De Gaulle
Voiturier
Carte : 85 € environ
Menu « truffes d’Alba » jusqu’à fin décembre (3 plats) : 185 €