Loin d'être le plus prolixe des groupes de funk "nouvelle génération" (4 albums en presque 15 ans de carrière), Breakestra n'en est pas moins l'un des plus savoureux représentants actuels. Six jeunes gens dans le vent sous le soleil de Californie, capables de faire revivre l'esprit de cette musique à travers des compositions qui, soyons clair, ne bousculent pas vraiment l'hégémonie des leaders de 70', à commencer par les indétrônables James Brown ou The Meters, mais qui néanmoins gardent le mérite de s'atteler à la tâche avec un soin du détail troublant et des constructions très efficaces, rappelant les meilleures heures de la musique afro-américaine. Schématiquement, la recette est inchangée. On pourrait la simplifier à quelques phénomènes bien connus, comme "bouge ta tête sur le beat", ou encore "prends ta claque derrière les oreilles". Le fait est que Breakestra parvient sans problème à nous plonger dans leur univers brûlant et festif. Beaucoup de personnes se font d'ailleurs avoir en pensant qu'il s'agit là d'un "vieux" groupe dont on rééditerait les enregistrements de l'époque (Questlove y a cru lui aussi). Pourtant, sans être en avance sur leur temps puisque définitivement dans une rétrospective à la gloire de leurs "descendants", ils sont au moins en accord avec leurs idées et ne dénaturent pas le concept.
Le titre de leur dernier disque, "Dusk Till Dawn", rend hommage à leur compagnon DJ Dusk décédé en 2007. Miles Tackett, tête pensante et leader de la formation reste le principal producteur à l'origine du projet, crédité sur tous les titres et jouant de quasiment tous les instruments. Quelques invités comme le rappeur Chali 2Na, Mixmaster Wolf ou DJ Dusk sur "Posed To Be", mais aussi Afrodyete The African Godess Of Love (ça ne s'invente pas), qui chante sur "Come On Over" (une vraie réussite), ou encore le pianiste Jeremy Ruzuma sur "You'll Never Know" qui y va gaiement de son solo très Gene Harris & The The Sounds (des arrangements de violons aux jeu de piano, en moins érudit tout de même). Je le redis comme je le pense; sans être une simple et quelconque copie insipide de la musique "black" américaine produite dans les années 70', "Dusk Till Dawn" parvient sans complexe à toucher sa cible et à affoler les dancefloor tout en étant très bien foutus. Il ne s'agit donc pas que d'un simple produit marketing jouant sur les tendances "revival" du moment, mais bel et bien d'un orchestre de passionnés à l'oreille affutée et aux connaissances certaines. Une bonne occasion aussi de vous faire plaisir si vous avez l'occasion d'aller les voir sur scène. Aucun réel déchet, aucune fausse note. Du swing, de la pêche, de l'énergie à s'en épuiser les tympans. Ca sent le ciel bleu et l'air chaud. Bien joué.
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