Obésité infantile : La loi sur les distributeurs automatiques en milieu scolaire a-t-elle fait "pschitt" ?
Publié le 22 novembre 2011 par Obobs
En raison du fait que les plus jeunes constituent une « clientèle captive », depuis 2004,
l’interdiction des distributeurs automatiques dans l’enceinte des établissements scolaires, devait participer à la prévention de l'obésité infantile.
Pour le moment, en attendant des statistiques précises de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation
et des statistiques), nous manquons encore de recul et de références pour en évaluer les effets.
Aussi, les leçons tirées de la même expérience visant les boissons sucrées Outre-Atlantique nous intéressent au plus haut
point, et les premières conclusions rendues publiques par l’équipe du Pr. Taber, de l’Université de l’Illinois à Chicago, tendent à prouver que cette mesure n’a guère modifié les habitudes des
adolescents Américains.
Est-ce un démenti ou un échec pour tous ceux qui criaient à l’empoisonnement des jeunes ?
Grâce au fédéralisme et au jeu des législations locales, l’enquête menée dans 40 états par l’équipe du Pr Traber a l’avantage de
comparer trois catégories d’écoles publiques américaines : celles qui prohibent la totalité des boissons sucrées, celles qui n’interdisent que les sodas, et celles où ces boissons restent
autorisées.
6.900 élèves ont pu être soumis dans ce cadre à des questionnaires précis, afin d’établir si ces mesures restrictives avaient eu des
répercussions positives sur leur consommation globale en boissons sucrées.
Or, force a été de constater qu’il n’existe pas de variation sensible entre la consommation des élèves ayant libre accès aux boissons
sucrées au sein de leur établissement,d’une part, et celle des élèves dont l’établissement n’interdit que les sodas, d'autre part. D'une proportion auparavant de 66,6% pour les uns
contre 28,9% pour les autres, on était parvenu aux taux presque inchangés de 66,6% et 26%.
Le verdict semble donc sans appel : interdire les sodas en milieu scolaire est d’un effet quasi nul quant aux résultats
recherchés.
Ce qui montre bien, soulignent les auteurs, l’utilité de telles statistiques, vu l’explosion des boissons sucrées ces 25 dernières
années auprès des jeunes consommateurs.
Ces résultats confirment par conséquent que supprimer les distributeurs de boissons sucrées dans les collèges et lycées (équivalent
des High Schools U.S.) est une mesure de prévention, certes, nécessaire, mais qui doit impérativement s’intégrer dans une politique d’ensemble.
Tel est l’avis pour finir du Pr. Traber, qui insiste sur le fait que la dangerosité de ces boissons reste avérée, et que cette
étude « s'ajoute à une masse croissante de publications suggérant que, pour être efficaces en matière d’obésité, les interventions scolaires doivent être globales ».
Source: Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine,«Removing
Sugar-Sweetened Beverages from Schools Associated With Reduced Access To, But Not Consumption of These Beverages Among Adolescents7.11.2011)
Le Petit + : dans la suite de l'interdiction des distributeurs, notamment de sodas en France, on s'inquiète de la consommation d'eau.
Un peu moins d’un quart des enfants ont des apports en eau et en boissons sucrées correspondant au repère du PNNS. Les deux tiers
consomment moins d’un litre d’eau par jour, tandis qu’un tiers consomme plus d’un demi-verre de boissons sucrées par jour. Ces consommations varient selon l’âge (apports en eau les plus faibles
chez les plus jeunes) et le sexe (apports les plus élevés chez les garçons).
De ce fait, suite à cette étude, le Gouvernement français a estimé qu’il fallait continuer à mener des actions
nationales afin de favoriser la consommation d’eau quotidienne, notamment auprès des plus jeunes.
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