Quelques personnes se moquent des occupistes de Montréal et de leurs camarades sans-abris avec qui ils partagent leur campement. Agnès Gruda a publié, dans la Presse, un article absolument indigeste sur le sujet, dans lequel elle dit notamment que la brutalité policière a aidé les Indigné-e-s des USA à se faire de la pub. Tout le monde le sait en effet qu'on aime ça nous autres les activistes, se faire battre et mettre en prison[1].
Elle dit aussi que les Indigné-e-s de Montréal se sont piégé-e-s eux-mêmes parce que la démocratie directe, eh bien c'est médiocre parce que c'est pas assez coercitif. Voilà une analyse totalement aberrante qui témoigne bien d'une absence totale d'expérience sur le terrain. Il est évident pour moi que la démocratie directe, avec recherche de consensus et libre-association/dissociation est beaucoup plus efficace dans une petite collectivité qui vit ensemble que la tyrannie élue. Mais bon.
On suggère finalement que les SDF et drogué-e-s sont devenu-e-s plus nombreux/euses que les Indigné-e-s sur le campement. Cela suppose qu'on ne peut pas être à la fois toxico et engagé-e socialement. Cela dit, il est plausible que plusieurs personnes en difficulté aient profité de la présence des Indigné-e-s dans la rue pour un peu de chaleur et de nourriture.
Des Indigné-e-s eux-mêmes, craignant à juste titre pour leur sécurité, ont paraît-il énoncé un désaccord profond face à la présence des sans-abris. Ceux-là non plus n'ont pas compris l'importance du rôle qu'ont à jouer les indésirables dans cette histoire.
Car la présence des indésirables de notre société, le sous-lumpen-prolétariat, est une preuve de l'échec non pas des occupistes, mais de notre société de banquiers. Par leur existence, par le délaissement auquel illes sont à tout autre moment de l'année victimes, illes incarnent les faits à l'épreuve de toute réfutation démagogique. En concentrer quelques dizaines dans le centre financier de Montréal, c'est mettre à la face des capitalistes et gouvernant-e-s leur propre merde, le désastre qu'illes ont provoqué par leur comportement de sociopathes.
La droite se moque bien des Indigné-e-s maintenant. Elle dit que le Square Victoria est devenu un petit bidonville. Elle oublie de mentionner que cette misère existe même quand personne n'occupe de parc au centre-ville. Et que ce n'est pas la destruction du campement qui empêchera des gens de mourir d'une overdose ou d'être atteints de crises paranoïaques.
Les puissant-e-s doivent se rendre compte que ce que les Indigné-e-s sont en train de faire, c'est de leur montrer en plein sous les yeux les avaries du système qui ont fait d'eux des dynamiques créateurs/trices de richesse. Illes leur montrent que beaucoup de gens ne profitent en rien de ce régime antisocial.
Retenez bien ce message: il n'y a pas que la classe moyenne qui souffre!
Source : MoutonMarron
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