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La Poste privatisée: menace pour l’usager?

Publié le 24 novembre 2011 par Copeau @Contrepoints

Peut-on réellement privatiser La Poste? Est-il légitime de préserver ce « service public à la française » ? Quelles solutions alternatives proposer au tout-État?

Un article de l’aleps

La Poste privatisée: menace pour l’usager?
Poste restante

Ce que l’on a appelé la « privatisation de La Poste » a déclenché une tempête sociale : grèves, pétitions, et même « votations » proposées au public. Mais, de fait, il n’y a pas eu privatisation, mais changement du statut de cette « administration » : sommée par le Parlement Européen quasi-unanime d’ouvrir l’activité postale à la concurrence, la France a fait de La Poste une société commerciale qui, depuis cette année, a perdu le monopole d’acheminement du courrier sur le territoire national. Mais l’actionnaire majoritaire de cette société est l’État, accompagné par d’autres institutions publiques comme la Caisse des Dépôts et Consignations, dont les crédits sont bienvenus pour combler les déficits et développer les activités de La Poste à l’étranger. Quant à la concurrence, très réelle pour les paquets et colis, elle est encore limitée pour les lettres de moins de 50 grammes, bien que les entreprises utilisent de plus en plus les services privés.

La Poste, un service public ?

Historiquement, oui. Fonctionnellement, non. Le monopole des « messagers royaux » remonte à 1576 et a été préservé jusqu’en 2011. Y a-t-il une raison pour le justifier ? Transporter le courrier est une activité marchande, puisqu’il y a des clients identifiables pouvant payer un prix. Pourquoi ce service serait-il gratuit, c’est-à-dire payé par l’impôt, et par tous les Français? De plus, le développement du courriel a été une sérieuse entame au monopole.

En France, le service public est réputé de meilleure qualité que « le privé », moins coûteux, accessible à tous et en permanence. Ces belles qualités ont disparu avec le facteur à bicyclette. Par exemple, les bureaux de poste ne sont pas vraiment au service du public : non seulement on y endure des queues interminables, mais 1.522 d’entre eux sont ouverts moins de 30 minutes par jour, 1134 entre 1 et 2 heures, 1277 entre 2 et 3 heures, 1493 entre 3 et 4 heures. L’acheminent du courrier à J + 1 a été abandonné, contre une garantie de J+2. 60 % des points de contact sont situés dans les communes de moins de 2.000 habitants qui représentent 18 % du marché. « La Poste n’est pas là où sont les clients », dit la Cour des Comptes. Enfin, les grèves et les erreurs de livraison se sont multipliées.

Ce qui reste de service public à La Poste, c’est le statut de fonctionnaire de ses salariés, on comprend pourquoi les syndicats et 95 % du personnel rejettent toute idée de privatisation.

Les points poste

Dans tous les pays où la privatisation de La Poste est devenue une réalité, les bureaux administratifs traditionnels ont été remplacés par des « points-poste ». Le courrier est reçu ou expédié dans des commerces de proximité, et il est rare qu’il n’y ait pas de marchand ambulant dans les villages les plus isolés. En Suède, le nombre de points-poste a presque triplé par rapport à l’ancien réseau (passant de 1.800 à 4.200). L’évolution a été la même au Canada, en Angleterre et même en Belgique (malgré les oppositions syndicales). Les points sont ouverts 7 jours sur 7, en général de 7 heures à 22 heures. Ils sont gérés par des commerçants franchisés qui doivent respecter un certain nombre de règles. Le prix des prestations n’a augmenté nulle part.

La concurrence à l’œuvre

Ce n’est pas encore le cas en France, mais ne saurait tarder ; de nouveaux opérateurs s’installent. En Allemagne, aux Pays Bas, au Canada ou en Suède, la vieille administration a dû changer pour subsister et souvent s’allier avec des sociétés privées totalement étrangères au métier jusque-là. La BundesPost est en concurrence avec TNT, chaîne hollandaise.

Cela crée des « effets pervers » dénoncés par les syndicats. Le plus important est la perte du statut de fonctionnaire et la diminution des emplois, entre 10 et 60.000 suivant les pays ; mais ce drame n’en est pas un quand le marché du travail est flexible. L’autre tare est le bénéfice réalisé par les franchisés et les nouveaux opérateurs « sur le dos du personnel » : disparues les subventions de l’État. Bref, on introduit productivité et rentabilité là où il y avait privilèges et gaspillages. Voilà des milliards d’économies pour les dépenses publiques : quelle catastrophe !

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