Malgré la critique vacharde qu’en avait faite la belle Evangéline Barbaroux sur LCI, je suis allée voir ce film, et j’ai bien aimé ce « gros loukoum », cette fresque kitch, ce conte arabe à plusieurs entrées. J’ai apprécié les multiples rebondissements du scénario, les superbes scènes de cavalcade et de batailles (ah, combien est vulnérable un blindé dans les sables !), les chameaux, les tempêtes de sable, ainsi que la morale de l’histoire où tout commence avec un jeune homme empoté, bigleux et intello, qui devient fin stratège, séduisant et héroïque.
Le message est multiple : même les hommes de paix sont parfois conduits à faire la guerre, le progrès est irrépressible, même s’il prend du temps et comporte des dommages collatéraux importants.Ou encore : le pétrole corrompt tout, les sociétés tribales sont promptes à adorer comme à trahir, le Coran contient des foules de préceptes contradictoires (tout comme la Bible) et tout réside dans son interprétation…
Pour rester dans le cadre de ce film, il m’a fait revenir au temps des grandes épopées hollywoodiennes de ma jeunesse. C’est un film à voir en grande salle, et surtout pas à la télévision.Et il nous change des petits drames en famille bourgeoise dont le cinéma français est friand. La critique sans doute sera très cruelle dans les milieux « cultivés » mais je pense que ce nouveau héros - le Prince Auda - et sa splendide épouse - émouvante Freida Pinto - auront du succès dans le grand public.
Ce qui interpelle cependant, c’est d’entendre Tahar Rahim s’exprimer en anglais …Mais c’est la loi du genre, il aurait été inconcevable de tourner en arabe, choix récent de l’auteur de La Source des femmes.Le jeune Tahar, qui joue tout en retenue mais a bien du talent deviendra-t-il une vedette à l’image d’Omar Sharif ? Car la référence obligée est naturellement Lawrence d’Arabie ….L’avenir nous le dira.