Tout l’été elles m’avaient ignoré et snobé, j’entends par été cette longue période qui s’étend entre deux hivers. Je les voyais passer en bandes joyeuses et affairées, voletant d’arbres en arbres, de branches en branches, actives et pleines de vie. Les petites mésanges faisaient plaisir à voir.
Puis il y a quelques semaines, elles se sont rapprochées de nos balcons. Sur la rambarde, la tête toujours en mouvement, elles scrutaient l’intérieur de ma loggia comme pour se remémorer des lieux connus mais plus fréquentés depuis longtemps. L’hiver dernier, je les avais nourries régulièrement quand la neige et le froid les privaient de toutes ressources alimentaires, vous vous souvenez des photos témoignant de mon attention à leur égard.
Les coquines n’avaient donc pas oublié, elles non plus, et c’est pourquoi elles revenaient en reconnaissance, en prévision des jours difficiles qui surviendraient certainement bientôt. Peut-être indiquaient-elles à de nouvelles venues dans la bande, qu’ici la pitance abondait quand elle manquait ailleurs. Comme les touristes devant les menus des restaurants dans les villes balnéaires, elles envisageaient et soupesaient de futures agapes.
Pour ne pas les décevoir et confirmer que l’auberge serait de nouveau ouverte quand la bise serait venue, j’ai déposé quelques graines depuis ce week-end que je renouvelle de temps en temps. La saison n’est pas encore assez rude pour leur donner la mauvaise habitude de venir déjà grailler chez moi. Mais il est important qu’elles sachent que je ne les abandonnerai pas, donc un jour sur deux je leur fais l’aumône parcimonieuse d’un maigre repas.
Notre partenariat a repris des couleurs, jaune et bleu, elles passent quotidiennement matin et soir visiter mon balcon et moi à nouveau, je m’émerveille de leur présence gaie et sautillante. A suivre.