Marcel Leprin peintre de la bohème, de Montmartre à Marseille...

Par Bernard Vassor
PAR BERNARD VASSOR LE RENDEZ-VOUS DES AMIS 23 rue Gabrielle à l'angle de la rue Drevet. Le lundi 28 novembre 2011 à 19 heures, au Palais des Arts-Parc Chaneau de Marseille, une vente  comprenant plus d'une soixantaine de toiles de Marcel Leprin. ........................ Dans l'ombre de Maurice Utrillo

La bohème à Montmartre, Chaudois, au 12 rue Cortot. (avec l'autorisation de Franck Baille organisateur de la vente avec l'expert Marc Ottavi)

Catalogue en ligne : http://www.expertise-ottavi.fr/

(Leprin, trouva asile aux alentours de 1923 chez Chaudois, un proriétaire de la rue Cortot, également protecteur de Maurice Utrillo).

Il avait exposé avec son ami Pascin rencontré à Marseille, dans une galerie parisienne rue Victor Massé au 25, puis, rue Taitbout chez Berthe Weil. Rappelons que c'est au 25 de la rue Victor Massé que vécurent les frères van Gogh en 1886. Marcel Leprin est né à Cannes le 12 février 1891, mort à l'hôpital Tenon d'un "cancer de la vessie" comme on disait pudiquement à l'époque, le 27 janvier 1933. Elevé par un oncle qui était quincailler à Marseille, il fut confié à un orphelinat, où il a été initié à la lithographie. jusqu'à ce qu'il soit engagé comme pilotin (mousse)  à l'age de douze ans. Il rencontra à Barcelonne une jeune femme Hélène, avec laquelle il se maria le 8 janvier 1916. Démobilisé en 1919, il s'aperçut en rentrant chez lui que sa femme "était partie avec un maquereau de la plaine Saint-Michel", place bien connue des marseillais.

Après une longue période "dans la dèche", il fut recueilli par une dame Smadja, commerçante des quartiers chauds de Marseille, en réalité, patronne d'un bordel marseillais... Il débuta en peinture par des scènes de tauromachie et il expose dans des lupanars de Marseille. Il fit la connaissance de Gen Paul qu'il introduit dans le milieu interlope qu'il fréquentait. Marcel se rendit à Paris en 1921, et fréquenta Pascin qu'il avait connu à Marseille avec Ignacio Zuluoga, Paco DurrioDimitrio Galanis Edmond Heuzé et Max Jacob l'avait hébergé (et reussi de le convertir à la religion catholique). Tout de suite adopté par le Montmartre artistique, iI obtint quelques succès et participa à différentes expositions, il décora directement sur le mur, la grande salle du restaurant de la Butte chez "La mère Catherine" qui lui échangeait des tableaux contre des repas.  Son ami Pierre Bureau l'encadreur de la rue Rocheechouart organisa après sa mort plusieurs expositions au musée de Montmartre où il avait vécu chez Chaudois . Il avait également habité au 27 rue Tholozé, et 18 rue Véron. Une partie de sa vie est restée mystérieuse selon ses amis, il faisait parfois des"descentes" à Marseille, et revenait habillé comme un prince, les poches cousues d'or, il arrosait alors généreusement en tournées générales la clientèle de "La Taverne du Moulin", et se retrouvait quelques jours plus tard sans le sou. En 1930, il repartit alors en province d'où il rapporta de nombreuses oeuvres. Petit à petit, il sombra dans l'alcool et la drogue.
Certains épisodes de sa vie relèvent à la fois du roman policier, et d'autres pourraient figurer dans des romans d'Henri Murger : Après son départ de Marseille, Leprin fut harcelé par la dame Smadja, patronne d'un bordel et ses amis du milieu, afin de le faire revenir dans le giron marseillais, elle organisait des expédition et montait à Paris avec son clan. L'écrivain Francis Carco (L'ami des peintres) qui fréquentait les mêmes lieux que Leprin, eut vent de l'histoire, et la raconta dans "Paris-Soir".  Madame Smadja lui fit un procès retentissant où vinrent témoigner d'honnêtes commerçants, une vieille femme religieuse, un représentant du préfet, et même un sénateur venu spécialement par avion témoigner : "ils reprirent en coeur les louanges de madame Smadja". La plainte fut rejetée pour vice de forme. A la suite de cette aventure, Marcel Leprin décida de mettre une grande distance entre Montmartre et lui afin d'échapper à l'emprise de son ancienne bienfaitrice (qui le recueillit tout de même dans sa jeunesse en des circonstances de sa vie errante, et après l'abandon douloureux de sa femme). Réfugié à Rouen, il écrivit à un commissaire de police :"Si elle approche, je tire..."   Nous ne connaissons pas très bien liens qui les unissaient, mais toujours  est-il que Marcel vivait toujours sous l'emprise de ses anciens protecteurs. Son immense talent et l'importance de son oeuvre, en font un des peintres les plus marquants de cette période. André Roussardle dictionnaire des peintres à Montmartre,  éditions Roussard, Paris 1999. 13 rue du Mont Cenis 75009 Paris. Et le superbe hommage rendu par : Pierre Bureau, Marcel Leprin, édition Mayer Paris 1984. (on en trouve encore dans quelques librairies d'art)  Mise à jour le 24/11/2011