En ressortant des cartons la proposition d'accorder le droit de vote aux étrangers, le PS fait preuve de générosité mais ne répond pas aux principales préoccupations des Français. Emploi, creusement des inégalités sociales et préservation du système de santé sont quelques-uns des thèmes qui taraudent quotidiennement nos concitoyens. A défaut de pouvoir apporter des réponses concrètes à ces angoisses, la classe politique est tentée de botter en touche à travers des débats stratosphériques.
Entre la lepénisation des esprits et la boboïsation des idées, la démocratie risque d'avoir mal au cœur. Comme si le débat public devait être immanquablement rebondir entre ceux qui jouent sur le sentiment de peur et ceux qui, depuis les beaux quartiers, répondent par de belles idées. Un peu comme Marie-Antoinette répondant au peuple qui crie famine : S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche ! Un peu comme les dignitaires de Byzance discutant du sexe des anges pendant que les coups de boutoirs des Turcs résonnaient contre les portes de leur Cité.
Le droit de vote des étrangers aux élections locales est un serpent de mer du PS, présent en bonne place dans tous les programmes du PS depuis 1981 et repris dans le projet pour 2012.
En attendant la présidentielle, les socialistes veulent utiliser le Sénat comme une vitrine de leur gouvernance future si les élections de 2012 leurs donnent la majorité. Dans ce cadre, ils veulent faire du droit de vote des étrangers un marqueur de leur programme ce qui revient à offrir sur un plateau au Front National les moyens de revenir dans le débat des présidentielles.
C'est sans doute fin sur le plan tactique mais c'est désastreux pour des citoyens qui se trouvent privés de réponses face à leurs soucis quotidiens. Quid par exemple des 35 heures, ont-elles un avenir ? Et quelle réponse surtout apporte-t-on aux personnels hospitaliers, ces serfs des temps modernes corvéables à merci auxquels on refuse, faute de moyens, la mise en œuvre ou le paiement ?
En janvier 2002, lors du passage aux 35 heures les autorités ont botté en touche par la mise en œuvre du Compte épargne-temps (CET) destiné à permettre aux médecins et infirmiers de cumuler leurs RTT …pendant 10 ans. Une belle bombe à retardement car le dispositif arrive à échéance le 3 janvier 2012 à un moment où les hôpitaux sont plus désargentés que jamais.
Or, l'hôpital et l'école symbolisent sont des biens fondamentaux de la république par lesquels passent tous les français au cours de leur vie : le savoir et la santé. Deux piliers aujourd'hui singulièrement vacillants. Malheureusement, il est plus facile, des deux côtés, de ressortir des généralités sur le droit de vote des étrangers que de rechercher et de proposer des solutions complexes aux cancers qui rongent notre société.