La tentative de l'armée pour apaiser les manifestants est un échec. Mardi soir, le maréchal Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige actuellement le pays, a annoncé l'organisation de l'élection présidentielle dès la mi-juin, et non plus fin 2012, ainsi que la création d'un nouveau gouvernement de «salut national».
Deux revendications qui avaient été formulées par le peuple égyptien mais qui arrivent trop tard. Les contestataires demandent désormais le départ «immédiat» du maréchal Tantaoui et un transfert du pouvoir à une autorité civile. La proposition d'organiser derechef un référendum pour transférer le pouvoir «si le peuple le demande» est vue parles manifestants comme une manœuvre pour les déstabiliser et les décrédibiliser.
Les contestataires redoutent de plus en plus que l'armée, dernière entité nationale encore en place, tente de conserver tous les privilèges qu'elle avait sous l'ancien régime d'Hosni Moubarak, tombé le 11 février dernier.
• Les violences s'intensifient, des tirs à balles réelles
Après l'intervention télévisée de l'armée, mardi soir, les affrontements entre habitants et policiers se sont intensifiés au Caire, mais aussi dans d'autres villes comme à Alexandrie et à Suez.
Des médecins font état de décès par balles réelles parmi les trois nouvelles victimes recensées mercredi matin. «Il s'agissait sûrement de balles réelles, mais je n'ai pas pu les examiner avant qu'ils ne soient envoyés dans des hôpitaux. L'un d'entre eux avait le crâne écrasé», a précisé à l'AFP Chadi al-Naggar, médecin à l'hôpital de campagne installé dans la mosquée Omar Makram sur la place Tahrir.» Un autre homme a été tué cette nuit à Alexandrie. Le dernier bilan du ministère de la Santé faisait état de 31 morts sur cinq jours mais il est probable qu'il soit plus élevé. Les blessés, eux, se comptent par milliers.
Certains militants égyptiens dénoncent des policiers «arracheurs d'yeux», qui viseraient délibérément les yeux des protestataires avec leurs fusils qui tirent des balles en caoutchouc. D'autres médecins, contactés par France Inter, ont constaté que les Égyptiens trop exposés aux gaz lacrymogènes utilisés par la police étaient pris de crise de tremblements aux origines inconnues. Ils n'écartent pas l'hypothèse que des armes chimiques soient utilisées contre les manifestants.
• L'ONU veut une enquête sur les tueries
Navi Pillay, le Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, a pressé ce mercredi les autorités égyptiennes à «mettre fin à l'utilisation manifestement excessive de la force contre les manifestants.» Elle a ajouté «qu'il devrait y avoir une enquête rapide, impartiale et indépendante» à ce sujet, et qu'il faut «s'assurer que des comptes soient demandés aux responsables de ces abus».
William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères, a demandé de cesser le recours à «une violence inacceptable et disproportionnée». «Je suis particulièrement inquiet à la suite des informations sur l'utilisation de gaz dangereux contre les manifestants, de même que de tirs à balles réelles», a-t-il ajouté.
De son côté, Ekmeleddin Ihsanoglu, le secrétaire général de l'Organisation de coopération islamique (OCI) exhorte les Égyptiens «à préserver les acquis de la révolution en réalisant les aspirations du peuple à un État démocratique, un État des institutions et de droit». Il espère aussi que les élections parlementaires, qui doivent débuter le 28 novembre, se déroulent comme prévu.
Source: LeFigaro
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