Je n'ai jamais posté de textes de Krishnamurti. En voici un sur la beauté, extrait de son journal.
"Tout était très calme sous les arbres ; il y avait tant d'oiseaux qui appelaient, chantaient, gazouillaient dans une agitation incessante. Les branches énormes, magnifiquement formées et lisses, étaient saisissantes de beauté dans leur large mouvement plein de grâce qui faisait venir les larmes aux yeux et s'étonner de la beauté du monde. L'arbre était la plus belle créature de la terre, il serait beau même dans la mort ; chaque branche nue, blanchie par le soleil, lui serait offerte, et des oiseaux se poseraient sur sa forme dépouillée... Mais maintenant, l'arbre était vivant, merveilleux, offrant une ombre généreuse que le soleil brûlant ne pénétrait pas ; on pouvait s'y asseoir longuement et regarder, être à l'écoute de tout ce qui était vivant, ou mort,au-dehors comme au-dedans...
En contemplant cet arbre splendide, on se demande qui observe et il finit par ne plus y avoir d'observateur du tout. Tout est si intensément vivant, il n'y a que la vie. Il n'y a pas de démarcation entre l'arbre, les oiseaux, cet homme assis à l'ombre, et la vie si abondante. Là est la vertu, l'ordre qui existe d'instant en instant et, avec le soleil couchant, survient cette immensité, si fortuite, si librement accueillante." Krishnamurti, Journal.
Quand l'observateur disparait, nait le Beau et s'ouvre l'immensité. Il y a tant de beauté dans le regard que cela en est bouleversant. Dès que je quitte le centre de la perception, et que je laisse le monde fleurir dans la vacuité, le monde peut être si beau que le la vie devient une louange au mystère, un étonnement, une stupéfaction d'une infinie tendresse.
jlr