Il aura fallu patienter deux ans pour que les joueurs d’Arkham Asylum puissent enfin toucher à sa suite, Arkham City, et cette attente n’aura pas été vaine. En effet, si le premier opus de Rocksteady Studios avait été un franc succès, le second peut-il se vanter de prendre la relève de son ainé comme l'une des meilleures adaptations de comics en jeu vidéo ? Etes-vous prêt à remettre de l’ordre et à enfiler une nouvelle fois votre plus beau costume ?
On est où maintenant ?
Arkham City reprend l’histoire un an et demi après les faits d’Asylum, durant lequel Batman avait dû remettre le Joker à sa place et venir à bout du problème « Titan ». Fini l’asile, place à un environnement plus grand, contrôlé par Hugo Strange, psychanalyste ayant une obsession pour Batman, qui semble bien vouloir régler définitivement le problème de la criminalité de Gotham par n’importe quel moyen. Mais sous cette apparence de bienfaiteur se cache un homme ambitieux et déterminé, n’hésitant pas à faire enfermer tous ses opposants en prétextant quelques maladies mentales absurdes, du simple politicien au milliardaire Bruce Wayne, alias Batman, qui est en vérité sa cible prioritaire. C’est donc un travail colossal qui attendra Batou, devant mettre un terme à cette folie et comprendre les véritables objectifs d’Hugo Strange concernant cette cité. Et pour ne rien arranger, il se retrouvera en plein milieu d’une guerre de gangs, dont les trois leaders ne sont autres que le Joker, Double-Face et Le Pingouin.
Malgré l’abondance de supers vilains, de découvertes de lieux cultes et, tout comme dans le précédent opus, d’une quantité impressionnante de dossiers sur l’univers de Batman, le point faible du jeu réside dans son scénario ; celui-ci tourne autour d’un certain Protocole 10 qui se révèle au final décevant et peu original. Mais ne faites pas triste mine car l’intrigue est cependant relevée vers la fin et parviendra à nous tenir en haleine jusqu’au bout. Le scénario sera surtout intéressant grâce aux différentes rencontres que vous ferez, et c’est donc avec un plaisir non dissimulé que l’on retrouve nos supers méchants préférés, ainsi qu’une multitude de nouveaux criminels, plus ou moins connus. Si ceux-ci n’interviennent pas tous dans la trame principale, nous les retrouverons molestant quelques malheureuses victimes dans des missions secondaires facultatives qui sauront titiller la fibre héroïque des justiciers en herbe. Après tout, comment rester de glace lorsque des vies sont en jeu ?
Vous retrouverez donc naturellement bon nombre de références par rapport au premier opus, avoir fait celui-ci vous sera donc utile pour mieux comprendre certains passages. Dans le cas contraire, vous vous amuserez tout aussi bien mais attendez-vous à ne pas comprendre les subtilités de tous les dialogues.
La bande-son est une franche réussite ; les musiques de Hans Zimmer ne nous sont pas inconnues et sont toujours autant agréables à nos petites oreilles, les bruitages des combats et des gadgets sont, si vous aussi vous utilisez régulièrement une bat-griffe, d’une justesse remarquable. De même, le doublage français est d’une excellente qualité, souvent interprété par des doubleurs professionnels comme Philippe Peythieu (Homer Simpson, le Pingouin dans Batman Le Défi), pour ne citer que lui.
Ce qui frappe dès que l’on commence à jouer, ce sont les graphismes. Les décors sont de toute beauté, les bâtiments, de style gothique, dégagent une atmosphère sombre et lugubre, contrastant avec les lumières au loin de la ville de Gotham. Le moteur Unreal Engine est parfaitement maitrisé et permet une immersion totale dans l’univers sombre de Batman. Ne soyez donc pas étonné si vous vous surprenez en train d’admirer une façade ou une statue pendant une poignée de minutes. En plus de la beauté et de l’atmosphère exceptionnelle que dégage la ville d’Arkham, le design des protagonistes n’a pas été mis de côté : que ce soit du simple détenu aux criminels de renom, il fourmille de détails et apporte, tout en restant dans la vision des comics, une touche personnelle aux super-méchants. Malgré le nombre de détails impressionnants, le jeu reste fluide à tout instant, que ce soit dans les cinématiques ou dans n’importe quelle situation in game, ce qui favorise une fois de plus l’immersion. Bref de ce côté-là, on peut clairement dire que le pari est réussi.
City, c’est Asylum, mais en plus mieux !
Tout comme dans le premier opus, vous devrez acquérir vos équipements et débloquer de nouvelles techniques en gagnant de l’expérience. Pour cela, il suffira de battre des méchants criminels et ce, en faisant des combos : plus votre combo sera varié, plus vous obtiendrez des points d’expérience et plus vite vous pourrez monter de niveau et compléter votre arsenal, déjà bien rempli. Les éléments ainsi déblocables vont d’un bonus de résistance pour votre armure à une nouvelle prise de combat ou encore un gadget inédit. Vous gagnerez aussi de l’expérience en trouvant des trophées de l’homme mystère, en battant des boss… Les moyens ne manquent pas et les améliorations s’acquièrent relativement rapidement.
Le système de combat reste en lui-même inchangé, vous aurez toujours une touche pour frapper, une pour parer et une autre pour esquiver. Afin d’utiliser un gadget en plein affrontement sans trop se casser la tête, un système d’attaque rapide était nécessaire vu le nombre d'objets à disposition, vous l'aurez désormais à votre disposition. Bref, les combats sont toujours aussi jouissifs et faciles à prendre en main. On remarque immédiatement l’apparition de nouveaux combos, afin de mieux botter les fesses de criminels toujours mieux armés et ayant gagné quelques cellules grises lors de leur passage de l’asile à la cité. La liste des finish moves s'est agrandie par rapport au premier opus. Il vous sera donc nécessaire de faire plusieurs combats pour revoir les précédents et découvrir les nouveaux arrivants, qui sont encore plus drôles et encore plus violents.
En parlant de cellules grises, les combats seront désormais plus ardus : vos adversaires ont enfin compris qu'il n'était pas interdit de réaliser une attaque groupée, rendant donc la tâche moins évidente, surtout si vous optez pour le mode difficile, mais quel plaisir de voir Batman se sortir d’une situation apparemment impossible aussi aisément que s’il ouvrait une boite à chaussures.
Les phases d’infiltrations sont, elles aussi, un chouia plus dures, encore une fois grâce à l’amélioration de l’I.A. et aussi du fait que nos amis les criminels sont désormais particulièrement bien équipés, grâce à leur boss de faction (Double-Face, Le Pingouin ou encore le Joker) qui leur fournit armes et technologies de pointe Certaines de ces phases d'infiltration se dérouleront dans des pièces, où vous pourrez vous aider de conduits d’aérations, de statues, de murs fragiles…, pour surprendre vos adversaires en surgissant de nulle part et disparaitre aussitôt. D’autres se dérouleront à l’extérieur, où votre champ d’action sera plus grand, ce qui vous permettra d’élaborer différentes tactiques selon la position de vos ennemis. Pouvoir s’échapper d’un côté et réapparaitre à l’opposé n’a jamais été aussi plaisant.
Les gadgets n’ont pas été en reste, loin de là ; les anciens sont tous présents avec parfois une touche de nouveauté ; la bat-griffe, batarang, tyrolienne, que vous pourrez désormais utiliser à nouveau en pleine course pour vous réorienter, gel explosif… De nouveaux objets viennent compléter votre arsenal meurtrier comme la charge électrique, qui vous permettra de faire fonctionner quelques machines ou simplement d’électrocuter vos ennemis, la bombe fumigène, afin de disparaitre en un clin d’œil, et bien d’autres encore. Tous ces gadgets seront souvent nécessaires à la survie de votre héros, se révèleront parfois simplement ludiques, mais dans tous les cas aux dépens de vos victimes.
Le système de piratage des consoles a quelque peu changé : toujours à l’aide de votre séquenceur cryptographique, il suffira pour cette fois de rechercher une combinaison de lettres qui formeront un mot, permettant de débloquer un mécanisme comme l’ouverture d’une porte, la désactivation d’un piège... Ne vous méprenez pas, la procédure est toujours aussi facile que dans Arkham Asylum. C’est également le cas pour la recherche d’indices sur divers lieux de crimes. Cela plaira à certains, souhaitant avant tout passer à l’action le plus rapidement possible, mais pas à ceux qui auraient espéré un peu plus de challenge lors de ces phases de petit détective.
Qu’est-ce qui est noir, qui vole et qui va bientôt mourir ?
Les joueurs du précédent opus ne seront pas étonnés de retrouver Edward Nigma, alias l’homme mystère. Déjà présent lors de nos escapades dans l’asile, il est de retour pour nous jouer un mauvais tour et nous proposer de quoi nous torturer les méninges. Si vous trouviez le nombre de trophées grotesques et la difficulté des énigmes précédentes trop simples, réjouissez-vous car vos lamentations ont été entendues et un changement drastique a été effectué. Nous retrouverons donc un nombre impressionnant d’énigmes à résoudre et de trophées à récolter. Ces derniers ne sont plus simplement de bêtes points à récupérer en marchant dessus ou à débusquer alors qu'ils sont simplement cachés derrière un mur ; il faudra désormais réfléchir un minimum car la plupart d'entre eux sont protégés par des mécanismes tordus, comme des plaques de pression, des mines, des points à activer à distance et autres fourberies nécessitant l’utilisation de nos méninges et d’un bon nombre de gadgets.
Ce qui décevait avec Arkham Asylum, c’était son manque de vie dans un espace trop confiné. Si l’on sortait de la trame principale, il n’y avait rien à faire hormis la recherche des trophées de l’homme mystère. Arkham City, c’est désormais un monde ouvert où l’on retrouve régulièrement divers événements comme des agressions, des dialogues entre détenus tantôt amusants, tantôt instructifs, les nouvelles énigmes de l’homme mystère et des missions secondaires. Celles-ci mettront en scène des criminels plus ou moins connus, tels que Victor Zsasz, le tueur en série qui s’entaille la peau à chacune de ses victimes, Deadshot, tueur à gage qui ne rate jamais sa cible, et bien d’autres encore.
Alors que la campagne d’Arkham Asylum était très linéaire, vous pourrez désormais vous promener à votre guise, mettant le scénario de côté pour un moment afin de répondre à l’appel d’une victime en détresse, stopper quelques criminels ou encore parfaire votre formation de chevalier noir grâce à des entrainements virtuels, qui mettront vos compétences de vol à rude épreuve tout en vous apportant la maitrise d'un aspect primordial de la jouabilité. En effet, l’arrivée d’un monde ouvert a nécessité une amélioration des déplacements aériens : accélération par quelques voltiges aériennes, nouveauté pour le grappin et autres techniques qui vous permettront de traverser la carte en un temps record.
Comptez donc une dizaine d’heures pour finir l’histoire et les missions secondaires, rajoutez en une pelletée pour trouver tous les trophées et réussir les défis, sans compter la possibilité de découvrir un New Game+, qui propose de refaire le mode histoire en difficulté maximale mais en gardant les gadgets acquis lors de notre première aventure. Si vous êtes, en plus, un chasseur de succès ou de trophées, prévoyez de la marge dans votre calendrier.
En dehors du mode histoire, l'homme mystère nous invite à retrouver ses défis, prédateurs ou de combats, ce que l'on fait avec plaisir puisque chacun d'eux possède plusieurs cartes différentes. Le défi prédateur consistera à régler le compte d’une poignée de criminels plus ou moins furtivement, en ayant des objectifs précis à accomplir, spécifiques à chaque carte, afin gagner un maximum de médailles. Le défi combat ne sera quant à lui ni plus ni moins que de la baston pure et dure. Vous devrez résister à quatre vagues, chacune plus difficile que la précédente, et enchaîner un maximum de coups et de techniques pour gagner un maximum de points.
En plus des défis prédateurs et de combats, vous aurez aussi la possibilité de faire les campagnes de Nigma. Celles-ci consisteront à faire une série de 3 défis, prédateurs et combats confondus, avec un nombre d’essais limités et des malus/bonus à utiliser pour pimenter la chose. Malheureusement, les défis proposés sont identiques à ceux précédemment cités, ce qui enlève tout l'attrait de ces campagnes.
Beauté fatale
Pour les petits veinards qui auraient acheté le jeu neuf, quel ne fut pas votre plaisir de recevoir votre code pour débloquer Catwoman ! Pour les autres, soit vous pourrez l’acheter sous forme de DLC, soit vous contenter de Batman, ce qui n’est déjà pas mal.
Si la chauve-souris vous a toujours séduit par son côté viril, son air plus que sérieux et le fait qu’il soit toujours plus redoutable à chaque apparition, Catwoman, quant à elle, apporte une touche de féminité et de fraicheur à cet épisode.
Ses mouvements sont bien plus souples, plus graciles que ceux de Batman, mais n’allez pas penser qu’elle en soit moins dangereuse, loin de là. Possédant un système de combat identique à celui de Batman, ses combos et ses cinématiques de combat sont bien évidemment différents, moins brutaux mais tellement plus sexys. On regrettera cependant la faible quantité de gadgets dont elle dispose, ne permettant au final que des approches qui ne pourront être autant diversifiées que celle de Batman.
Vous pourrez jouer l'héroïne griffue dans les défis de combats et dans les défis prédateurs concoctés avec soin par l’homme mystère ; on remarquera cependant que ces missions sont similaires à celles de Batman, ce qui est dommage mais ne vous empêchera cependant pas de vous amuser comme un petit fou. Vous pourrez aussi l'incarner durant l’histoire, dans laquelle elle aura parfois un rôle important, ou encore vous amuser à essayer de récolter les trophées que l’homme mystère aura disposés dans la ville rien que pour elle.
Au final, vous jouerez bien plus Catwoman dans les défis de l’homme mystère que dans la ville, car son moyen de déplacement est bien moins rapide et facile d’utilisation que celui de la chauve-souris, et que l’on souhaite surtout la voir à l’action.
Bref, cet add-on est sympathique pour ceux ayant reçu le code dans leur boitier mais peu intéressant pour ceux qui devraient l’acheter en DLC.