(K-Drama / Pilote) Flower Boy Ramyun Shop : une comédie romantique enlevée et colorée

Publié le 23 novembre 2011 par Myteleisrich @myteleisrich

Après deux semaines successives consacrées au Japon, ce mercredi asiatique signe un retour en Corée du Sud. Si j'ai passé la majeure partie de mon temps sud-coréen, ces dernières semaines, à savourer des sageuk, il était temps de retrouver un autre genre prisé de ce petit écran : la comédie romantique. Ayant ressenti un vrai besoin d'évasion et de détente ce week-end, je vais donc vous parler d'une nouveauté qui a très bien su y répondre.

Exemple parmi d'autres de la révolution qui est en train de se produire actuellement en Corée du Sud, avec l'explosion d'une offre diversifiée proposée désormais sur le câble (à ce sujet, je vous conseille une lecture très intéressante : Ce n'est pas la télévision coréenne... c'est le câble !), Flower Boy Ramyun Shop est une série diffusée sur la chaîne câblée tvN depuis le 31 octobre 2011, les lundi et mardi soir à 23 heures, et qui comportera en tout 16 épisoes. Ce drama condense tous les classiques du genre pour un résultat aussi frais que plaisant. Si bien que c'est donc avec une plume légère et enjouée que je peux lui consacrer cette review, après avoir visionné les six premiers épisodes de ce drama.

Ancienne sportive ayant pratiqué le volley ball jusque dans les finales de championnats nationaux lycéens, Yang Eun Bi est une jeune femme de 25 ans à l'avenir bien plannifié : tout en attendant patiemment la fin des deux ans de service militaire de son petit ami, elle souhaite devenir professeur, aspirant à la fois à un emploi stable et à un statut social reconnu. Elle n'a conservé que des relations distendues avec un père, restaurateur de ramen, avec lequel elle est fâchée. Mais ses projets de vie bien ordonnée vont soudain s'enrayer : non seulement elle découvre que son petit ami la trompe, mais de plus son ambition de devenir enseignante se heurte au caractère bien trempé de la jeune femme, plus prompte à préférer la confrontation à la pédagogie.
Pour ne rien arranger, ses quelques rencontres, fortuites, avec Cha Chi Soo, un jeune homme déroutant, ne l'aident guère à retrouver le contrôle de sa vie. Tour à tour agresseur pervers, puis séducteur idéalisé, il ne la laisse pas indifférente, mais se révèle être en fait... un lycéen de 19 ans, héritier unique d'une famille de chaebol qui dirige notamment l'établissement scolaire où Eun Bi va devoir réaliser le stage nécessaire à sa formation de professeur. C'est vers une réflexion sur ces choix de vie et ses priorités que s'oriente finalement ce retour au lycée d'Eun Bi, lui permettant de revenir sur d'autres regrets de sa fin d'adolescence. Et si son père, qui ne l'imagine pas enseignante, mais rêve de la voir suivre son style de vie, avait raison ?

Une fois passé des débuts assez quelconques, marqués par un premier épisode anecdotique qui introduit les bases de la série de façon excessivement académique, Flower Boy Ramyun Shop va progressivement s'affirmer et trouver son identité dans ce registre si bien connu de la comédie romantique. Représentante et héritière d'un savoir-faire parfaitement huilée, la série en joue habilement sur deux tableaux distincts.

Assumant tout d'abord ses sources d'inspiration évidentes, le drama a une saveur familière particulière : elle éveille chez le téléspectateur les souvenirs qu'ont laissé chez lui les fictions passées qui ont marqué le genre. Sans les dénaturer, la série préserve l'esprit de ces recettes qui ont fait leur preuve. De plus, au-delà de ce parti pris classique s'adressant à un public pré-conquis, le grand atout de la série va être de décliner cette partition avec un dynamisme contagieux et entreprenant. Cultivant une fraîcheur et une spontanéité d'écriture déterminantes, elle finit ainsi par se réapproprier ces codes narratifs pour peu à peu s'en affranchir et gagner en consistance.

Le charme de Flower Boy Ramyun Shop opère à partir du moment où la série négocie ses premiers bouleversements et tournants émotionnels, dévoilant alors une richesse presque inattendue. C'est en effet par son extrême versatilité, sur le plan aussi bien du ressenti que de l'humain, que le drama se démarque. D'une part, l'histoire, tout en gardant une légèreté prédominante, n'hésite pas à passer avec naturel des larmes du drame au comique le plus burlesque. D'autre part, en une poignée d'épisodes, la série parvient à considérablement nuancer ses personnages. Signe que le mélange fonctionne, il se dégage rapidement de l'ensemble une atmosphère à part, à la fois chaleureuse et touchante, poignante et drôle, légère et attachante, dans laquelle résident la force et l'attrait de ce drama.

Au cours de ces débuts, c'est surtout la dynamique existant entre Eun Bi et Chi Soo qui permet à la série de passer par tous les états imaginables. De manière piquante et très intéressante, les rapports entre les deux jeunes gens s'inversent progressivement. D'insouciant arrogant, Chi Soo dévoile des failles de jeune homme sur-protégé qui n'a aucune idée de la réalité de la vie. Or, il se retrouve pris à son propre piège, entravé dans une toile indéfinissable de sentiments opposés qu'il ne comprend pas ; cette même toile dont il joue habituellement contre les femmes et qui se retourne soudain contre lui. Quant à Eun Bi, l'évolution est également rapide : les épreuves traversées permettent de mieux la connaître et consolide le personnage, le téléspectateur se prenant d'affection pour cette figure autrement plus forte et nuancée que la jeune aspirante professeur des débuts.

Bénéficiant d'une forme travaillée, parfait reflet de la tonalité se dégageant du drama, c'est l'adjectif dynamique qui semble le mieux convenir pour parler de la réalisation de Flower Boy Ramyun Shop. En effet, la caméra, extrêmement énergique, ne recule devant aucun effet de style pour pleinement s'approprier son sujet et l'exploiter sous toutes ces facettes : elle mêle ainsi, à des ajouts cartoonesques, d'autres jeux de caméras, d'avances rapides en retour en arrière. Sans surcharger l'image, cela donne surtout à l'ensemble un style frais et direct qui renforce le capital sympathique d'un récit, déjà parfaitement accompagné par une bande-son légère et variée qui a le mérite de fluidifier la narration.

Enfin, Flower Boy Ramyun Shop réunit un casting agréable, même s'il faut noter que les acteurs ne se révèlent pas tout pleinement convaincants. La bonne surprise de la série, c'est indéniablement une Lee Chung Ah (That Fool, Chosun Police 2) pleine de vie : elle impose une sacrée présence pour incarner l'héroïne et toute la palette d'émotions les plus opposées qu'elle traverse. C'est par contraste, en partie volontaire sans doute, que les "Flower Boy" qui lui donnent la réplique apparaissent au début quelque peu transparents. Il faut attendre que la glace qui les entoure se brise et que la caricature soit peu à peu dépassée pour que l'humanisation progressive des personnages leur permette de trouver leurs marques. C'est surtout Jung Il Woo (The Return of Iljimae, 49 days) qui met du temps à trouver ses marques. Quant à Lee Ki Woo (A Love to Kill, Star's Lover), l'insaisissabilité de son personnage permet à l'acteur de bénéficier de cette étrange aura.

Bilan : Démarrée comme une énième comédie romantique, assumant ses influences sans complexe, Flower Boy Ramyun Shop trouve progressivement ses marques dans un genre où il est devenu difficile de se renouveler. Plaisante à suivre, divertissante, son mérite va être de parvenir à impliquer émotionnellement le téléspectateur, autant grâce à ses personnages qu'à sa tonalité versatile. Ce cocktail détonnant conquiert d'autant plus sûrement que la série suit une courbe d'amélioration constante, chaque épisode semblant toujours mieux maîtrisé et aller plus loin dans l'exploitation du concept que le précédent.

Arrivé à la fin du sixième épisode, se clôture officiellement l'introduction, puisque l'action s'est désormais déplacée dans le restaurant évoqué dans le titre du drama. Après avoir su poser de telles bases attachantes, la suite de Flower Boy Ramyun Shop incite à l'optimisme : elle a a priori toutes les clés en main pour continuer sa progression. Si je ne sais pas jusqu'où elle nous conduira, en revanche, une chose est certaine : les amateurs du genre ne devraient pas regretter l'expérience !


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :

Une chanson de l'OST (Happy, par DNPD (Yuria)) :