"Maintenant, on va pouvoir cogner". Telle est la phrase entendue à droite au lendemain de la primaire socialiste. L'UMP, ulcéré de n'avoir pas eu de droit de réponse au cours des débats socialistes, veut se remettre en selle et vite. En quoi consiste leur stratégie? En plusieurs points très simples. Est-ce efficace? C'est ce que nous allons voir...
1. Se plaindre : Combien de fois n'avons-nous pas entendu Jean-François Copé venir sur toutes les radios et les chaînes de télévision pour dire que c'était honteux que l'UMP n'ait pas droit à la parole. Pourquoi ne pas profiter des quelques minutes que vous avez pour dire quelque chose de plus constructif? Entre ces propos et nier l'efficacité et la modernité de la primaire socialiste que, même à droite, on reconnaît, on se demande si le président de l'UMP a autre chose dans sa besace.
Certes, ses ambitions personnelles d'être le candidat unique et légitime en 2017 sont fortement freinées par l'engouement qu'ont provoqué les primaires qui risquent de s'imposer également à droite en 2017. Mais pour le moment, M. Copé est président de l'UMP et il doit mener sa barque jusqu'au bout, s'il veut un jour prétendre à la fonction suprême.
Or, on voit bien aujourd'hui que l'UMP avait minimisé la portée des primaires, n'avait rien prévu, rien anticipé. Quand, autrefois, la droite apparaissait moderne et que la gauche était taclée de "ringarde", c'est aujourd'hui l'inverse. La droite n'a pas su répondre et ne peut donc trouver que des éléments de langage et des plaintes pour riposter contre un mouvement qui l'emporte. Et, quand le président sortant est déjà à la traîne dans les sondages, il est bien malheureux que rien n'est pu être fait pour contrer cette vague de l'hypercommunication socialiste. Car, on ne peut nier que le pluralisme doit se faire entendre, encore faut-il s'en donner les moyens...
2. Critiquer le programme socialiste. Sur ce point, l'UMP a fini par sortir le grand jeu : show à l'américaine s'inspirant de l'émission"Combien ça coûte?". Un compteur géant a été mis en place sur la scène, chaque mesure socialiste étant chiffrée afin de montrer le cout du programme. La phrase "combien ça coûte?" revient sans cesse et le compteur tourne pendant qu'un pastiche de présentatrice s'écrie nous en sommes à "tant de milliards d'€". Une tablée de ministres est sur la scène pour démontrer à quel point le projet socialiste est obsolète.
Critiquer le programme socialiste, oui, la droite peut et doit le faire. De nombreux économistes, comme Elie Cohen, ont déjà déclaré que le programme économique du Parti Socialiste n'était pas viable économiquement. Aujourd'hui, avec les prévisions de croissance à la baisse, on parle déjà du côté du PS de remettre en cause une partie du programme. Bref, la droite à de quoi dire et redire, en commençant par le fameux "on vous a menti", argument de plusieurs ténors de la droite déclarant que la primaire s'appuyait sur un programme déjà obsolète. Bien.
Cependant, on peut se demander si les méthodes employées sont les bonnes. Car le show à l'américaine organisé par la droite sonnait faux. Il comptabilisait les dépenses mais ne comptabilisait pas les recettes ; il pointait les incohérences du programme, mais mélangeait télé-réalité et jeu télévisé qui le discréditait dans le même temps. La crédibilité n'était plus là et c'est pourtant bien le problème de l'UMP et du président de la République : regagner la confiance des Français. Et ce n'est pas en organisant une parodie de jeu télévisé qu'ils vont y arriver...
Malheureusement, la droite est à la traîne et ne sait plus comment s'y prendre. Pendant ce temps, les socialistes ont commencé leur campagne très tôt et ne font que gagner du terrain. L'UMP court derrière sans parvenir à la rattraper. Et comme chacun sait " rien ne sert de courir, il faut partir à point"...