Le train du collectivisme déraille en Europe et aux États-Unis

Publié le 23 novembre 2011 par Copeau @Contrepoints

L’Europe est sur la voie de la faillite de ses États-providence. Les États-Unis suivent le même chemin.

Par Ralph R. Reiland (*), depuis Pittsburgh, Pennsylvanie, États-Unis

« Les civilisations disparaissent par suicide, non par assassinat » disait l’historien anglais Arnold Toynbee.

C’est ce que vous voyez aujourd’hui en Grèce, en Italie, au Portugal et en Irlande. Dans tous ces cas, l’ineptie du gouvernement et la mauvaise gestion des politiques économiques nationales ont de nouveau transformé de grandes nations en États mendiants.

En Italie, les niveaux pléthoriques de dépenses publiques, la hausse dans le rouge de tous les indicateurs, l’opposition politique à n’importe quelle mesure économique de réduction des dépenses, et la perspective d’un défaut de la dette ont effrayé les investisseurs. Cela a suscité une fuite des capitaux des obligations italiennes et a fait monté le taux d’intérêt des emprunts.

En août, l’Italie versait aux acquéreurs de nouvelles obligations à 10 ans un rendement de 5,22%. En octobre, le taux était monté à 6,06%. Début novembre, le taux a encore progressé à 6,73%. C’est une escalade du prix des emprunts qui aggrave la crise de la dette et fait virer les indicateurs encore plus au rouge.

L’économiste Mario Monti, ancien commissaire européen, a été nommé sénateur à vie par le président italien Giorgio Napolitano le 9 novembre. Quelques jours plus tard, ce même Mario Monti est devenu premier ministre.

Pour reprendre la citation mentionnée en exergue d’Arnold Toynbee sur le suicide, Monti a décrit la crise de la dette de l’État italien comme un cas de strangulation auto-infligée.

La dette publique en Italie est maintenant à 120% du PIB, soit 120% de la valeur annuelle totale de tous les biens et services produits dans le pays. En Grèce, en Irlande et au Portugal, les dettes publiques ont atteint respectivement 158%, 112% et 102% du PIB de ces pays.

En voyant le gouvernement italien incapable de contrôler la politique intérieure, les nouveaux maîtres du monde, la confraternité qui a choisi de donner le feu vert pour renflouer des entités qui s’effondrent, ont pris la décision lors de la récente réunion du G20 à Cannes d’envoyer des technocrates du FMI afin de superviser les réformes en Italie : refondation du droit du travail, révision des programmes de prestations extravagantes, et efforts de privatisation et de liquidation des biens de l’État.

Aux États-Unis, nous nous apprêtons à prendre la même voie, à notre tour, l’accélérateur appuyé au plancher.

Selon une analyse effectuée par la fondation Peter G. Peterson, le Budget Control Act qui a décidé la mise en place d’un plan de réduction des déficits américains de 900 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années et qui a chargé la super commission du congrès de trouver 1.500 milliards de dollars supplémentaires, ne permettrait qu’une petite amélioration des perspectives budgétaires sur le long terme.

Avant cette loi de contrôle budgétaire en cours d’adoption, il était prévu que la dette fédérale des États-Unis monte en flèche à 187% du PIB en 2035. Après promulgation, la dette fédérale atteindrait 164% d’ici 2035 et grimperait à 186% en 2038.

Si nous continuons de cette manière – avec des déficits annuels projetés d’un millier de milliard de dollars, que même les chinois ne pourraient pas racheter -, les technocrates du FMI pourraient peut-être aussi nous rendre visite pour nous expliquer qu’on ne peut obtenir une Sécurité Sociale sans vérifier qu’on dispose de l’argent à la banque pour la payer.

Un récent éditorial du Wall Street Journal « Europe’s Entitlement Reckoning » résume la crise croissante:

En Italie, comme en Grèce, en Espagne et au Portugal, mais aussi en France, l’État providence s’est heurté à un mur. Les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, ont financé des droits sociaux généreux à tout le monde à coup de taxes élevées et de dettes gigantesques. Leurs économies n’ont pas réussi à croître assez vite pour suivre le rythme imposé par l’État providence, et l’argent a fini par manquer. L’heure des comptes vient de sonner.

Margaret Thatcher, ancien premier ministre britannique, disait plus succinctement:

Le problème avec le socialisme est que vous finissez un jour par avoir dépensé tout l’argent des autres.

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Article originellement titré The collectivized Train wreck in Europe et publié dans le New American le 15.11.2011.
Traduction : JusHoran pour Contrepoints.

(*) Ralph R. Reiland est professeur d’économie et de libre entreprise à l’université Robert Morris de Pittsburgh.