Résumé : Élève brillante, Nicole était douce et sociable (cheftaine scout, membre de plusieurs associations d’étudiantes). Elle meurt subitement dans un accident terrible. À l’automne suivant, tandis qu’un nouveau semestre commence, Craig, l’ancien petit ami de Nicole est renvoyé de l’université médiocre où il était entré par relations. Tenu pour responsable de la mort de Nicole mais relâché faute de preuves, il ne parvient pas à surmonter le drame, ne cesse d’y repenser et a l’impression de voir Nicole partout. Perry, son colocataire, était dans le même lycée que Nicole. Lors d’un séminaire sur la mort par Mira Polson, professeur d’anthropologie, il fait part de ses interrogations et de ses doutes quant à la disparition de la jeune fille. Il dit avoir connu la vraie Nicole : une personne manipulatrice, malhonnête, et séductrice. De son côté, Shelly Lockes, unique témoin de l’accident, conteste la version officielle, selon laquelle Nicole, baignant dans une mare de sang, n’aurait pu être identifiée que grâce à ses bijoux. Selon elle, la jeune fille était inconsciente mais ne présentait aucune lésion. D’étranges événements surviennent alors: mystérieux appels téléphoniques, cartes postales énigmatiques, apparitions de Nicole… ou d’une fille qui lui ressemble. La rumeur enfle à Godwin Hall, précipitant Craig, Perry, Mira et Shelly au coeur d’un ténébreux mystère qui va transformer leurs vies pour toujours: se pourrait-il que, trop jeune pour mourir, Nicole soit revenue ?
Sur l’auteure : Laura Kasischke a étudié à l’Université du Michigan, elle a gagné de nombreux prix littéraires pour ses ouvrages de poésie ainsi que le Hopwood Awards ; elle a également reçu la Bourse MacDowell. Ses poèmes ont été publiés dans de nombreuses revues. Ses romans La Vie devant ses yeux et À suspicious river ont été adaptés au cinéma. Elle vit dans le Michigan, et enseigne l’art du roman au collège de Ann Arbor.
Qui a pu s’en prendre à Nicole Werner au point de la tuer ? Elle était pourtant l’incarnation de la jeune fille américaine, l’élève modèle. Et surtout comment expliquer que la description de la presse change du tout au tout par rapport à ce qu’a vu Shelly, la première personne a être arrivée sur le lieu où Nicole est morte.
Peu à peu, Nicole réapparaît tel un fantôme et le roman se teinte d’un fantastique et d’une ambiance de thriller haletante. Perry, le colocataire de Craig (petite amie de Nicole) est témoin de ces apparitions et il en fait part à Mira, sa professeur de d’anthropologie spécialiste des rites funéraires. Convaincue par son élève, Mira décidé d’écrive une enquête (motivée par une publication) sur la disparition de Nicole.
Il est régulièrement question de la mort de de Nicole perçue par le prisme de Google et des médias. On se demande finalement comment la lumière n’a pu être faite sur cette affaire (comment peut-elle ne pas se trouver dans un moteur de recherche ?) malgré tout le battage médiatique qui l’a entourée. L’auteure utilise son imaginaire pour développer le mystère qui règne autour du bizutage et des sororités. Il s’agit d’une des grandes réussites du livre.
Les Revenants est un roman halluciné, une sorte de campus novel distendu obsédant et convaincant. Les chapitres du livre sont brefs et se présentent comme des nouvelles à chute. En poète, Laura Kasischke s’exprime dans une langue qui est elle-même une aventure. Le roman est extrêmement bien conduit et ne souffre d’aucune longueur, malgré la banalité de certains instants dépeints. Le style de l’auteure fait qu’elle pourrait nous raconter n’importe quoi et que nous y adhérons grâce à sa maîtrise de la langue, à son phrasé incroyablement froid et distant mais poétique.