A toute allure
Les arbres défilaient, le sol allait plus vite,
Le tunnel avançait : pas sûr que je l’évite ;
Les maisons s’enfuyaient, sur leur perron les gens
N’étaient vus qu’un instant et c’était enrageant.
Le coteau verdoyant laissait place à la plaine,
La montagne tombait dans une vallée pleine
D’une eau emprisonnée dans les flancs d’un ruisseau
Qui courait après un et un autre arbrisseau.
La flèche du clocher s’effaçait peu à peu
Devant la grisaille d’un nuage qui pleut
Et le soleil passa dans une roseraie
Avant de contourner une châtaigneraie.
Un train rouge fonçait et d’un coup s’enfonçait
Dans le derrière d’un gros hameau où l’on sait
Qu’on ne le verra pas s’arrêter dans sa gare
En restant concentré pour que rien ne l’égare.
J’aurais voulu stopper cette folle vitesse
Et toucher tout ce monde avec délicatesse ;
Moi, je filais avec mon coupé cent chevaux
Qu’une vache a tenté de voir avec ses veaux.