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Une citoyenneté accessible par Jérémie Boroy

Publié le 22 novembre 2011 par Stéphan @interpretelsf

Comme promis, le second texte après celui d’Arlette Morel.
Bien qu’écrit à 24 années de distance, son leitmotiv est le même : garantir aux personnes handicapées une autonomie de pensée et d’actions au sein de la société car elles sont d’abord des citoyens à part entière.
Il y a un quart de siècle, pour la communauté sourde cela signifiait une formation adéquate des interprètes en langue des signes française. Car Arlette Morel en avait déjà conscience, cette égalité passerait par «l’interprétation en langue des signes qui permet aux sourds d’avoir accès in vivo à l’information. Si on leur en donne les moyens, les sourds peuvent être des citoyens responsables et autonomes. Il faut que les sourds aient accès à la culture, à la formation et à l’information».

Une citoyenneté accessible par Jérémie Boroy
Dans la continuité de cette pensée, Jérémie Boroy, Délégué général d’Altidus a publié une tribune dans le journal Libération le 19 novembre 2011 intitulée : « Une Citoyenneté Accessible », preuve que ce combat est essentiel comme nous le rappelions dans ce billet. Le débat s’élargit et il s’agit pour les sourds de s’assurer notamment de la présence systématique des interprètes durant les campagnes électorales à venir, afin que les discours, les échanges soient compris de tous. Et au-delà de la surdité, ce texte est surtout un appel à la participation au débat politique de chacun d’entre nous handicapé ou non grâce à une parfaite accessibilité.

« Le cœur de notre vie politique bat plus fort tous les cinq ans, au moment des élections présidentielles et législatives. À la veille des échéances électorales de 2012, il est crucial de rappeler l’importance de rendre accessibles les campagnes des candidats aux électeurs en situation de handicap.

Le handicap recouvre des réalités très diverses et concerne plusieurs millions de nos concitoyens. Les handicaps sont multiples : moteurs, auditifs, visuels, mentaux ou psychiques ; ils sont momentanés ou définitifs ; ils sont parfois associés. Mais les personnes handicapées sont avant tout des citoyens à part entière. Elles aspirent à exercer pleinement leur citoyenneté, ce droit naturel qui leur est encore trop souvent refusé !

La loi du 11 février 2005 pour l’Égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté ainsi que le principe de l’accès de tous à tout s’imposent à nous tous. Les personnes handicapées n’entendent donc pas être dessaisies de leur rôle d’acteur de notre Cité et n’accepteront pas d’être davantage écartées du débat politique et citoyen qui nous attend en 2012.

Il est de la responsabilité de tous les candidats et de toutes les formations politiques de s’engager à mener campagne dans le cadre le plus accessible possible.

Les réunions publiques doivent être organisées dans des espaces répondant aux normes d’accessibilité permettant l’accueil de tous les publics, quels que soient leurs éventuels handicaps. La circulation sans contrainte doit ainsi être possible pour les personnes ayant un handicap moteur ou visuel, la compréhension des discours et des échanges doit être possible pour les personnes sourdes ou malentendantes (via une interprétation simultanée en Langue des Signes Française, une transcription écrite simultanée et une boucle magnétique).

Les sites internet des candidats et des partis politiques doivent également être accessibles. Les messages audiovisuels, qu’ils soient en ligne, diffusés dans le cadre de la campagne officielle ou projetés lors des meetings, seront sous-titrés, traduits en Langue des Signes et audio-décrits. Les professions de foi, les programmes, les tracts peuvent aussi être disponibles sur des supports accessibles à tous et adaptés à chaque type de handicap : en braille, en format numérique, traduits en Langue des Signes, en appliquant les règles européennes du « Facile à lire et à comprendre ». Les permanences des candidats devront elles-mêmes pouvoir accueillir tous les publics et le handicap des électeurs ne doit pas empêcher l’échange avec le candidat et son équipe.

Et la question du coût ? Parlons-en ! La démocratie a un coût qui ne pose pas de difficulté pour l’organisation des élections. Dès lors que ces exigences sont prises en compte en amont de l’organisation de la campagne, elles entraînent peu d’engagements par rapport au budget global d’un candidat, en particulier à l’élection présidentielle.

Cet engagement doit être partagé par l’ensemble des acteurs de la vie politique française pour que les électeurs en situation de handicap ne soient pas réduits à faire leur choix entre les seuls candidats ayant organisé une campagne accessible.

La parole politique a tendance à se complexifier, elle est parfois confuse, voire incompréhensible pour beaucoup de nos concitoyens. Notre effort d’accessibilité sera utile au plus grand nombre et apprécié par l’ensemble des électeurs.

En ce qui nous concerne, que nous soutenions ou non un candidat, nous veillerons à l’engagement des formations politiques pour que leur campagne soit la plus accessible possible car nous sommes convaincus qu’une démocratie se mesure aussi à l’aune de son accessibilité. »

Une version en langue des signes française est disponible à cette adresse : http://www.aditus.fr/electoral/

Si vous le souhaitez, vous pouvez également soutenir cet appel en vous rendant sur la page Facebook : http://on.fb.me/electionsaccessibles



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