Je me réveille. Mes yeux s'ouvrent et commencent à s'habituer à l'obscurité. Le réveil indique 7h29, une minute avant la sonnerie. Comme chaque matin je me demande pourquoi mon horloge interne me fait me réveiller juste avant que le petit boitier sur ma table de chevet ne le fasse. Jamais dix minutes, jamais deux minutes, toujours une minute avant. Je ne comprends pas, est-ce que mon inconscient cherche à me faire comprendre que je dois me lever plus tôt ?
Une minute c'est pas assez pour se rendormir, mais c'est assez pour rester au lit jusqu'à la sonnerie, c'est assez pour en profiter encore un peu. La fourberie de la chose c'est qu'on ne sait pas vraiment combien de temps va durer cette minute. Mon réveil n'indique pas les secondes et il peut me rester aussi bien 53 secondes que 7. Je ne sais jamais quand le doux bruit du réveil va attaquer mes tympans. Un peu comme un condamné à la guillotine qui attend avec anxiété la lame tranchante qui lui otera la vie.
Une minute c'est court, mais on a le temps de penser à plein de choses. A ce moment là les secondes durent beaucoup plus longtemps, comme si l'espace-temps se ralentissait. On entend parfois le radiateur gouter, ou le parquet grincer, troublant le silence parfait du matin en nous laissant imaginer ce que font les voisins. Ça passe trop vite évidemment, mais je vis au maximum cette dernière minute de repos, jusqu'au bout, jusqu'au dernier instant. On ne dirait pas comme ça mais des milliers de choses peuvent se passer en une minute. Le quart d'une copie du bac d'histoire après qu'un prof ait dit "il vous reste une minute", ou un concentré de sentiments très forts pendant les soixante dernières secondes avant que ce TER Auvergne ne s'en aille.
Il faut une minute pour vivre tout ça, et il en faudrait beaucoup plus pour tout raconter... Etrangeté du temps qui passe.