Investir mondialement sans suivre la masse

Publié le 22 novembre 2011 par Fabien Major @fabienmajor

Une question très pertinente d’un lecteur m’attendait, dimanche, dans mon courrier électronique. «Que pensez-vous des services de courtage qui offrent accès aux Bourses mondiales?», de me questionner le dit lecteur, en spécifiant «rechercher une diversification maximale pour son portefeuille boursier». «Tous mes amis qui investissent en Bourse le font», ajoute l’homme en question, sans me fournir de détails sur son âge, sa situation financière, sa tolérance au risque et les sommes impliquées – rendant difficile de personnaliser toute tentative de réponse.

Dès la lecture de cette question – pertinente – j’ai tout de suite pu identifier deux volets de réponse. À prime abord et à mon humble avis, nul ne sert de faire le saut vers les Bourses mondiales. En deuxième lieu, rien ne sert d’imiter vos amis, qui eux, ont fait ce choix au préalable. En prenant du recul, vous pourriez constater à quel point le fait de ne pas suivre le troupeau s’avère parfois la seule décision qui s’impose. Bien évidemment, un conseiller en sécurité financière se veut la meilleure personne pour discuter de diversification et d’allocation d’actifs avec son client.

Bien que cette nouvelle fonctionnalité commence à se multiplier dans l’industrie du courtage à escompte, c’est TD Waterhouse qui fut la pionnière de la démocratisation d’accès aux Bourses Mondiales. Une telle plateforme offre aux investisseurs un accès direct et en ligne aux Bourses de Londres, de Sydney, de Bruxelles, de Paris, de Francfort, de Hong Kong, de Milan, d’Amsterdam, de Singapour et de Madrid, en plus de permettre le règlement des transactions dans sept devises différentes, soient la livre sterling, l’euro, le dollar australien, le dollar de Singapour, le dollar de Hong Kong, le dollar américain et le dollar canadien.

S’il s’avère vrai qu’une telle plateforme offre une réelle diversification contre les risques de marché, il n’en demeure pas moins qu’elle comporte plusieurs points de réflexion supplémentaires pour l’investisseur, qui doit néanmoins s’en tenir à sa philosophie de placement initiale et agir en conformité avec son aversion au risque. Au delà de cette mode qui persiste à vouloir investir tout azimut autour du globe, la tolérance au risque de l’un n’égale jamais celle du second.

Un tel service comporte son lot de frais pour l’investisseur. L’industrie du courtage à escompte continue d’offrir de la valeur ajoutée à ses clients, mais souhaite avant tout améliorer sa rentabilité. Ainsi, l’investisseur souhaitant ajouter quelques titres internationaux à son portefeuille doit s’attendre à débourser 29 euros, 99 dollars australiens, 299 dollars de Hong Kong ou 99 dollars de Singapour pour chaque transaction effectuée, en plus d’une commission additionnelle de 0,1% sur des transactions supérieures à quelques centaines de milliers de dollars. Bien évidemment, s’ajoutent les frais de conversion de devises, qui alourdissent le poids d’une telle transaction financière.

Bref, on est loin de la commission régulière de 4,95 dollars facturée par Questrade pour l’achat de titres boursiers canadiens ou américains. Certains comptes permettent d’ailleurs de détenir des dollars US dans un REER, par exemple, pour acheter directement des titres américains sans avoir à passer par l’étape dispendieuse de la conversion de devises.

Dans un autre ordre d’idées, l’investisseur autonome pourrait trouver difficile d’accéder à toutes les informations pertinentes sur une entreprise cotée à la Bourse de Hong Kong, par exemple. La barrière des langues, une réglementation différente et les limites de l’internet pourraient vous faire regretter d’avoir investi dans une entreprise étrangère que vous n’êtes pas en mesure de suivre comme il se devrait.

Quoi faire?

Ne pourriez-vous pas plutôt opter pour les certificats de propriété d’actions étrangères (American Depositary Receipts, ou ADR) qui se transigent à la Bourse de New York?

Les Bourses nord-américaines regorgent actuellement de titres boursiers de qualité et à bons prix qui peuvent s’avérer d’excellents achats au cours actuels. Bien que je puisse comprendre l’intérêt de détenir des actions d’une entreprise cotée sur la Bourse d’Allemagne, par exemple, mieux vaut opter pour une diversification moins risquée. Saviez-vous que des entreprises comme 3M (MMM-N), Apple (AAPL-Q) et McDonalds (MCD-N) réalisent année après année un pourcentage impressionnant de leurs ventes en Europe et dans les pays émergents, et ce, sans exposer leurs actionnaires nord-américains à un risque de devises étrangères et sans gruger leur rendement de par des commissions trop onéreuses?

Sortez du lot et surprenez vos amis. Investissez à moindres frais sur les Bourses nord-américaines, tout en donnant une saveur internationale à votre portefeuille. Et ce, même si ça vous oblige à demeurer seul dans votre bulle.

DOMINIQUE LAMY