Rétro: Shenmue

Publié le 22 novembre 2011 par Poisseman @Poisseman


Si on demande à quelqu'un de citer un jeu sur Dreamcast, il y a de fortes chances que le titre choisi soit Shenmue, l'oeuvre inachevée de Yu Suzuki. Que ce soit pour la claque technologique reçue à l'époque, pour la profondeur de l'histoire, son héros emblématique ou encore ses séquences d'action devenues cultes, voila un jeu qui s'est rapidement hissé au rang d'indispensable aventure pour tout gamer qui se respecte. Son seul défaut fut malheureusement d'être sorti sur une console boudée du grand public, et finalement d'en être devenu un symbole. Arrivé pour noël 2000, sa suite débarquant l'année suivante, cela fait maintenant 10 ans que l'on est sans nouvelles du reste du périple de Ryo Hazuki.

Comment ne pas être pris aux tripes dès le début de l'histoire, lorsque Ryo voit son père mourir devant ses yeux des suites d'un combat farouche contre un étrange adversaire. Ce n'est qu'un lycéen d'une ville côtière japonaise - nous sommes en 1986 - qui se retrouve orphelin avec sa gouvernante pour seule compagnie. Mais il ne peut se défaire des cauchemars générés par ce duel, et avec soif de vengeance se décide à rechercher le meurtrier de son paternel. Commence alors une enquête longue et minutieuse pour notre adolescent dans cette grande ville de Yokosuka.

Shenmue, c'est à la fois une investigation pointue - recherche de traces et de témoins - et une formidable simulation de vie en compagnie de notre jeune héros. La maison de Ryo est à elle seule le meilleur exemple d'interactivité avec TOUS les placards et tiroirs qu'il nous est possible d'ouvrir - et ce dans toutes les pièces - ainsi que les interrupteurs pour la lumière et la télévision à laquelle est branchée une console de jeu. C'est clair, on se sent comme chez nous! La ville elle-même est très vivante avec ses échoppes, ses distributeurs de boissons, ses piétons, le temps qui passe (heure, mais aussi jours et saisons); ainsi, coupant à ses recherches, notre héros peut se distraire en salle d'arcade, jouer aux fléchettes, aux gashapons, s'entraîner au combat - et ça c'était clairement quelque chose de nouveau à cette époque. Les bastons se jouent ici en face à face à la manière d'un soft de combat, et pour cause: Yu Suzuki est également le papa de Virtua Fighter, et cela se ressent bien. Les gestes s'apprennent avec patience et entraînement, loin des combos simples à sortir de Yakuza par exemple. De plus, le jeu innovait également avec l'apparition des QTE, ou comment garder la manette en main même lors des cinématiques.

L'histoire est forte et passionnante, l'ambiance immersive au possible, les scènes d'action (bien plus rares que dans le second opus cependant) très punchies avec comme point d'orgue une longue bataille contre soixante-dix gars, rien que ça. Côté culte, on ne peut passer sous silence ces cinq laborieux jours à travailler en fenwick sur les docks; oh oui, ces satanées caisses m'en ont bien fait baver... Heureusement, pour se détendre, il y avait toujours moyen de jouer aux "classiques" que sont Space Harrier et Hang On, en arcade (payant) ou - si la chance nous souriait en achetant nos canettes - avec la version console qui nous coûtait alors plus rien. Enfin, le scénario nous faisait prendre le bateau en direction de Hong-Kong, à la recherche de ce criminel du nom de Lan Di, dans un deuxième épisode encore plus abouti. C'est beau les souvenirs...