[Critique DVD] Help

Par Gicquel

Les éditions Epicentre Films ont le chic pour dénicher des « petits » films, hors du commun. Comme dernièrement «  Le dernier été de la Boyita » ou à venir très prochainement « L’étrange affaire Angélica ». Mais «Help », qui ne dépasse pas les 80 mn, est peut-être encore plus atypique que tous ses collègues du catalogue par la bizarrerie de sa mise en scène et l’absence apparente d’une véritable histoire.

Bien que la jaquette du dvd propose une version officielle autour de l’existence d’un jeune paumé qui fait la rencontre d’une prostituée, la première partie du film est plutôt un défilé de personnages, qui ne se rencontrent jamais et dont l’existence derrière la caméra de Marc Abi Rached se confine à leur exclusif quotidien.

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Ils ont tous un comportement étrange, à l’image de cet industriel qui séparé de sa femme, l’écoute au téléphone mais ne lui parle jamais. Ali est encore plus surprenant ; il  gagne un peu d’argent en chipant le cuivre sur les fils électriques des chantiers. Abordé par Souraya, par jeu, il s’y attache et la suit comme un petit chien. Il parle peu. La jeune femme ne le repousse pas, bien au contraire, comblant un peu la solitude qui l’assaille en même temps que la peur d’une mort violente.

Les scènes vont de l’un à l’autre, du coq à l’âne, sans rapport apparent et pourtant ce chauffeur de taxi découvre dans ce client, fortuné semble-t-il, industriel peut-être, comme un double, presque un sosie.Le réalisateur nous parle ainsi dans un halo de récits disparates, de la destinée des hommes,  de la prostitution, de la délinquance.Il y a une telle urgence dans son propos, que le réalisme des scènes de rue est incroyable.

Caméra à l’épaule, très certainement, mais aussi comme cachée, ce qui nous implique totalement. Sans voyeurisme, mais acteur et spectateur. Rached dit d’ailleurs que sur une séquence de bagarre, des promeneurs sont intervenus, n’imaginant pas qu’il s’agissait d’un film.

Les situations étranges, la distance entretenue par les personnages, nous conduisent à imaginer ce qui pourra advenir des uns et des autres, sans préméditation. Comme une histoire qu’on laisserait reposer, pour mieux la reprendre et la goûter ensuite.

Et quand elle nous rattrape, la claque est magistrale.Le cinéaste n’en fait pourtant pas des tonnes. Mais la façon de mener son histoire est assez subtile pour se laisser ainsi prendre au jeu de l’amour et du hasard.

Souraya craint son souteneur, qui téléphone à sa femme, et qui ne voit pas le chauffeur de taxi qui lui ressemble tellement. Ainsi va la vie …

  • Entretien avec le réalisateur (5 mn)

Un très court instant en compagnie de Marc Abi Rached, via Skype, qui rappelle les difficultés rencontrées une fois son film terminé. La première autorisation soumise à deux restrictions (flouter un sexe féminin, et interdire le film au moins de dix huit ans) est remise en question trois jours avant sa sortie internationale. A ce jour «  Help » est toujours interdit au Liban.

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